14.07.2016 - Francisation: le PLQ sait très bien ce qu’il fait…

« Si le bilinguisme individuel est une immense richesse, le bilinguisme collectif pour une minorité politique est un poison mortel. Ce bilinguisme collectif n’existe que le temps de laisser la minorité rejoindre la majorité. » - Paul Daoust, linguiste.

La ministre libérale Kathleen Weil profite du chaud soleil de l’été et de la passivité connue des citoyens envers l’actualité en général afin d’émettre que, oui, son gouvernement a peut-être été  » trop passif » envers la francisation des immigrants.

Un 11 juillet, les oiseaux chantent, le soleil brille, c’est cute.

Allez! Une petite campagne de publicité estivale afin de donner l’impression d’agir… « Oui, oui… La francisation est importante pour nous ». Je n’en crois pas un mot. S’il y a une personne au sein de ce gouvernement qui connait bien les tenants et aboutissants du dossier linguistique, c’est bien Kathleen Weil qui fut, pendant 5 ans, de 1985 à 1989, directrice des affaires juridiques de Alliance Québec, ce groupe de défense des droits des anglophones qui a mené une longue croisade contre la loi 101 et qui s’est battu contre tant de dispositions qui favorisaient la prédominance du français au Québec. On se souviendra de l’Arrêt Ford notamment (1988, Weil est alors à Alliance Quebec):

« Dans l’affaire Ford, la Cour suprême du Canada déclare que les articles 58 et 69 de la Charte de la langue française (Loi 101), qui imposent l’exclusivité du français en matière d’affichage commercial et de raisons sociales, sont incompatibles avec l’alinéa 2b) de la Charte canadienne des droits et libertés et l’article 3 de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne (Québec). La liberté d’expression comprend la liberté de choisir la langue dans laquelle on veut s’exprimer. Le discours commercial fait partie de la liberté d’expression. Cette prohibition et cette exclusivité ne peuvent se justifier en vertu de l’article 9.1 de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne et de l’article premier de la Charte canadienne des droits et libertés. On n’a pas prouvé qu’il y avait nécessité d’imposer l’exclusivité. »

Et où en sommes-nous aujourd’hui en matière d’affichage commercial… La petite brèche est devenue une passoire et on ne compte plus les commerces qui s’affichent en anglais au mépris de l’intention d’origine de la loi 101. Et c’était là le modus operandi du groupe Alliance Quebec; gruger, affaiblir, point par point, les dispositions de la loi 101. Dès 1983 d’ailleurs (Thomas Mulcair est alors prédécesseur de Kathleen Weil):

« En 1983, Alliance Québec remporte une première victoire lorsque le gouvernement Lévesque accepte de modifier la Charte de la langue française (communément appelée la loi 101) par l’adoption du projet de loi 57, qui assouplit certaines dispositions législatives ayant trait aux institutions de la minorité anglophone et à l’accès aux ordres professionnels (exemption de l’examen de français). L’invalidation par la Cour suprême du Canada des articles 72 et 73 de la Charte relatifs à l’enseignement en langue anglaise dans les écoles au Québec ‒ au motif que ces deux articles contreviennent à l’article 23 de la Charte canadienne des droits et libertés ‒ est aussi perçue comme un gain significatif au sein de la communauté anglophone du Québec »

La question linguistique, Kathleen Weil connait très bien. Surtout de l’angle de ceux qui refusent la francisation justement. Quand, le plus sérieusement du monde, la ministre Weil a avancé en 2015 que c’était « impossible de vivre et travailler uniquement en anglais à Montréal », elle savait que c’était faux. On reproche souvent, avec raison, à Gaétan Barrette de mener le ministère de la santé en portant le sarrau du médecin hyper militant et partisan bien plus que celui du ministre de la santé qui se doit de défendre l’intégrité entière du ministère. La même chose pourrait être dite de Kathleen Weil en ce qui a trait à la question linguistique. Quand on étudie le parcours professionnel de cette ministre, c’est prendre un peu les gens pour des dindes que d’affirmer le plus sérieusement du monde qu’on ne peut pas vivre et travailler exclusivement en anglais à Montréal.

 

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