12.07.2016 - Theresa May, loin de Margaret Thatcher

La nouvelle première ministre britannique est souvent comparée à la première femme qui a occupé ce poste. Les médias soulignent toutefois les différences

C’est sans conteste «la femme la plus tranquille de la politique britannique», écrit le Telegraph, qui propose à ses internautes de «rencontrer Theresa May» en texte et en images, jusqu’à la variété de ses paires de chaussures. La petite fiche d’identité indique la nouvelle première ministre de Grande-Bretagne, qui entrera au 10, Downing Street mercredi soir. Le retrait surprise de la secrétaire d’État à l’Énergie, Andrea Leadsom, lundi à mi-journée, a précipité les événements. Alors que David Cameron ne devait quitter son poste qu’en septembre, il prépare déjà ses cartons.

Fille de pasteur

Le Telegraph ne le souligne pas clairement, mais Theresa May, née en 1956, fille d’un pasteur de l’East Sussex, a d’abord fait ses classes dans une école publique, ce qui n’est pas si fréquent dans la classe politique du pays. Elle a ensuite étudié la géographie à Oxford. Elle a d’abord travaillé à la banque d’Angleterre, de 1977 à 1983, mais la politique l’a vite happée. Elle a été parlementaire pendant une vingtaine d’années, et elle a une influence certaine sur le pilotage de plusieurs ministères, dont l’Éducation. Elle a dirigé l’Intérieur pendant six ans, un record. Elle sera la deuxième femme à investir Downing Street après Margaret Thatcher, ce qui conforte les allusions à l’ancienne dame de fer, même sur un plan visuel dans une photo de l’AFP, où l’on peut relever quelque ressemblance.

En vue de sa nouvelle fonction, Theresa May «n’a pris aucun engagement quant à des postes en faveur de ses proches et encore moins de ses adversaires», note encore le Telegraph. Elle a en revanche précisé d’emblée qu’elle souhaite créer un ministère dédié aux relations avec l’UE, c’est-à-dire à la mise en œuvre du Brexit. Dans un discours lundi cité par Le Temps, elle ne laissait d’ailleurs aucun doute sur sa position quant à la mise en œuvre du référendum: «Je ne saurais être plus claire: il n’y aura pas de tentative pour rester au sein de l’UE. Il n’y aura pas de tentative de revenir par la porte dérobée», a-t-elle lancé, ajoutant: «Brexit signifie Brexit, et nous en ferons un succès.»

«Diriger un pays divisé»

Theresa May aux commandes, c’est «une conservatrice efficace pour diriger un pays divisé», note le Financial Times (article payant). Le journal économique met en évidence les nuances marquant la ligne politique de la première ministre désignée, attachée aussi bien à l’État de droit qu’à l’égalité et le respect des minorités. «Vivre dans un État libéral moderne n’est pas vivre dans un vide moral», aime-t-elle à dire. Le service de l’État, elle l’a pour ainsi dire dans le sang, souligne le Daily Express, qui la cite: «Je suis la fille d’un pasteur de petite paroisse et la petite-fille d’un sergent-major. Le service public fait partie de ma personnalité, depuis aussi longtemps que je me souvienne.» Le même journal ajoute que «contrairement aux autres conservateurs, elle ne fait partie d’aucun cercle».

Cette liberté de ton – lors d’une querelle d’idées interne, elle a même qualifié naguère son parti de «méchant» – fait dire au FT, dans un article paru en 2014 (et accessible), que la comparaison la plus pertinente serait, non avec Margaret Thatcher, mais dans un parallèle avec Angela Merkel: dans les deux cas, il s’agit de «politiciennes non idéologiques, et dures à la tâche.»

 

Lire la suite sur Le Temps

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir