05.07.2016 - Une seule nation au Canada ? Vraiment ?

Dans sa déclaration à l’occasion de la fête du Canada, le premier ministre Justin Trudeau a erré.

Pour ce qui est de reconnaitre le caractère distinct du Québec, c'est plutôt mal barré.

À sa première fête du Canada à titre de premier ministre, il trébuche sur un fait plutôt reconnu : il n'y a pas qu'une seule nation au Canada.

Sa déclaration officielle est sans équivoque : « Aujourd’hui, nous célébrons le jour où, il y a exactement 149 ans, les gens de ce grand territoire se sont rassemblés et ont forgé une seule nation et un seul pays – le Canada ».

Provocation ? Oubli ? Recadrage des années Harper ?

Il faudra nous expliquer.

En ce qui me concerne c'est une erreur de débutant ou une bravade inconséquente.

La nation québécoise a été reconnue en novembre 2006 par la Chambre des Communes dans un vote à 266 voix contre 16. « Les Québécois forment une nation au sein d'un Canada uni », avait proposé Stephen Harper.

Jusqu'à quel point « uni », ça se discute, mais nous formons une nation, c'est indiscutable.

Je me souviens de la période de décembre 2007 où il existait un débat sur l'adhésion de Justin Trudeau au concept de « nation québécoise » et franchement, je suis surpris que le premier ministre veuille revenir sur cet épisode.

La question me semblait réglée.

La fierté des Québécois ne supporte pas ce genre de glissement qui renie leur importance dans l'histoire du Canada. Déjà qu'ils souhaitent donner de la chair autour de l'os - au-delà de la reconnaissance en tant que nation, le Québec veut aller beaucoup plus loin - les Québécois n'apprécient pas ce retour en arrière inutile.

M. Couillard aurait avantage à profiter de sa prochaine discussion avec M. Trudeau pour lui dire que vue du Québec, cette reconnaissance est un minimum vital et qu'il joue un jeu dangereux en trébuchant dans une déclaration officielle sur notre caractère distinct.

Faudra-t-il en appeler aux nombreux députés libéraux fédéraux élus au Québec pour revenir à un peu de bon sens ?

Le faux pas est évident, j'espère qu'on saura rapidement corriger le tir à Ottawa, au bureau du premier ministre, en particulier !

Source : journaldequebec.com

Commentaires   

 
0 #1 Michele Clement 06-07-2016 13:13
Si vous souhaitez savoir de quel Canada il parle, il faut lire ou relire, si vous ne l'avez déjà fait, le Rapport Durham (8.50$ chez votre libraire).
Les recommandations du Rapport Durham sont à la base de l'Acte d’Union de 1840 et de la Constitution de 1867.
Le Rapport Durham confirmait et justifiait le vol de nos propriétés, la destruction de nos fermes, l'abolition de nos droits et libertés et la déchéance de notre identité Canadienne française.
Extraits :
« L’ascendant qu’un injuste favoritisme a donné aux Anglais dans le Gouvernement et dans les carrières de la magistrature, ils se le sont assuré par leur énergie supérieure, par leur adresse et par leurs capitaux dans toutes les sphères de l’industrie ».
« Privés de toute participation réelle au gouvernement de leur pays, ils (les Canadiens français) méditent en silence sur la mémoire de leurs compatriotes morts, sur leurs villages brûlés, sur leurs propriétés ruinées, sur leur prépondérance abolie et sur leur nationalité humiliée ».
« … jamais plus la population anglaise ne tolérera l’autorité d’une Chambre d’Assemblée où les Français posséderont une majorité ou même s’en approcheront ».
« La fin première et ferme du Gouvernement britannique doit à l’avenir consister à établir dans la province une population de lois et de langue anglaises, et de n’en confier le Gouvernement qu’à une Assemblée décidément anglaise ».
« …….Et cette nationalité canadienne française, en est-elle une que, pour le simple avantage de ce peuple, nous devrions chercher à perpétuer, même si c’était possible? Je ne connais pas de distinctions nationales marquant et continuant une infériorité plus désespérée ».
« … la forme de gouvernement actuel n’est qu’un assujettissemen t temporaire et forcé. »
« Les Canadiens français ne sont, d’autre part, que les restes d’une ancienne colonisation, et sont et devront toujours être isolés au milieu d’un monde anglo-saxon ».
« La langue, les lois et le caractère du continent nord-américain sont anglais; et toute autre race que la race anglaise (j’applique ce mot à tous ceux qui parlent la langue anglaise) y apparaît dans un été d’infériorité ».
« …Dans tout plan qui sera adopté pour l’administratio n future du Bas-Canada la premier objectif doit être d’en faire une Province anglaise ».
« Je pensais que ce serait la tendance d’une Fédération, sanctionnée et consolidée par un gouvernement monarchique, de devenir graduellement une union législative complète; et qu’ainsi, tout en gagnant le Français du Bas-Canada en leur laissant le gouvernement de leur propre province et de leur propre législation intérieure, je pourvoirais à la protection des intérêts britanniques grâce au gouvernement général et à la transition graduelle des Provinces en une société unie et homogène ».
(Lord Durham, Rapport sur les Affaires de l’Amérique du Nord britannique (1839))
Personne avant lui n’a osé implanter systématiquemen t les recommandations du Rapport Durham et les lois britanniques qui en ont découlé.
Il faut dire que, jusqu’à tout récemment, l’Église catholique a servi de contre-pouvoir aux visées génocidaires du gouvernement central, héritier des droits coloniaux de l’Empire britannique.
Ayant chassé l’Église catholique de nos vies, nous nous en sommes remis aux autorités laïques pour jouer ce rôle de contre-pouvoir.
Malheureusement, force est de constater que, les collusions et corruptions entre l’Église et l’État dont nous avions tiré, tout de même, un peu de beurre sur notre pain, quelques oeufs, un morceau de viande, quelques fruits, quelques légumes, un carré de jardin, quelques jours endimanchés, ont fait place aux collusions et corruptions qui peu à peu nous ont tirés en sens inverse, de moins en moins de jours endimanchés, des jardins asphaltés, des fruits et légumes inaccessibles, une bouchée de viande par semaine, un œufs de temps à autre, de la margarine sur notre pain, des tranches de pain de plus en plus petites et de moins en moins nombreuses dans la miche de plus en plus chère.
Père de mère anglaise, lui-même de mère anglaise, il s’astreindra à nous imposer par la force ce que nous avons refusé par la douceur.
Extraits du Rapport Durham :
« On pourra dire que c’est une mesure draconienne pour un peuple conquis : que les Français au commencement composaient la population entière du Bas-Canada et qu’ils sont encore la masse; que les Anglais sont de nouveaux venus n’ayant aucun droit de réclamer la disparition de la nationalité d’un peuple au milieu duquel les ont attirés leurs aptitudes commerciales. On peut dire encore que si les Français ne sont pas une race aussi civilisée, aussi énergique, aussi apte aux affaires que celle qui les environne, ils sont par ailleurs un peuple aimable, vertueux et satisfait, possédant l’essentiel du confort matériel. On ne doit pas les mépriser ou les maltraiter parce qu’ils cherchent à profiter de ce qu’ils ont sans partager l’appétit du lucre qui anime leurs voisins. Après tout, leur nationalité est un héritage. On ne doit pas les punir trop sévèrement s’ils ont rêvé sur les rives lointaines du Saint-Laurent le maintien et l’héritage pour leurs fils de la langue, des usages et des institutions de cette grande nation qui pendant deux siècles donna le ton de la pensée en Europe ».
« La question qui se pose est celle-ci : quelle race devra vraisemblableme nt par la suite convertir en un pays habitable et florissant le désert qui couvre aujourd’hui les riches et vastes régions qui environnent les circonscription s plutôt étroites où vivent les Canadiens français….. Est-ce justice que la prospérité de cette grande majorité (le Haut-Canada) et de cette vaste étendue de pays soit pour toujours, ou même pour un temps, tenue en échec par l’obstacle artificiel que la civilisation et les lois rétrogrades d’une partie seulement du Bas-Canada élèveraient entre elles et l’océan? Peut-on supposer que cette population anglaise se soumettra à jamais à un pareil sacrifice de ses intérêts? »
Voilà, nous sommes rendus à la rivière.
Cet homme s’est donné pour mission de nous faire traverser le pont.
Espérons qu’il n’aura pas l’idée de brûler le pont avec nos drapeaux.
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