26.06.2016 - Youri Bandajevsky, scientifique en exil : « la catastrophe vient à peine de commencer »

Que ce soit à Tchernobyl ou à Fukushima, je ne sais pas si la chose la plus préoccupante, est le mensonge omniprésent ou notre impuissance.

En tout cas ce que je sais, c’est que j’avais des oncles et tantes en Alsace, ils avaient déjà un certain âge quand il y a eu la catastrophe de Tchernobyl, mais force est de constater, que juste après, ils ont toutes et tous été emportés par des cancers.

Traduction : Evelyne Genoulaz

Youri Bandajevski a démontré l’impact dévastateur de Tchernobyl sur la santé des personnes, en particulier celle des enfants biélorusses. Aujourd’hui, il vit en exil alors que le gouvernement martèle "Tout va bien !"

“Tchernobyl n’est pas derrière nous, la catastrophe vient à peine de commencer” - Youri Bandajevsky, scientifique en exil

Kim Hjelmgaard

Le scientifique en exil Youri Bandajevsky, 59 ans, fut le premier scientifique à implanter au Belarus un institut pour étudier les effets de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl sur la santé des populations, en particulier celle des enfants ; il est situé près de Gomel, à 200 km environ de la frontière ukrainienne. Il fut interpellé au Belarus en 1999 et condamné à huit ans de détention pour avoir prétendument obtenu des pots de vin de la part de familles désireuses de faire entrer leurs enfants à l’Institut médical d’État de Gomel. Il a toujours nié ces accusations (1).

L’Académie Nationale des Sciences ainsi que Amnesty International ont communiqué qu’on l’a arrêté pour sa remise en question de la politique sanitaire publique du Belarus, relativement à la gestion des conséquences de la catastrophe nucléaire. Il a été libéré en 2005, a obtenu la citoyenneté française grâce au soutien d’organisations de droits de l’homme en Union Européenne, en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne. Il dirige aujourd’hui un centre médical de soins près de Kiev, qui se consacre aux examens et à la prise en charge sanitaire des victimes de Tchernobyl.

Bandajevsky n’est pas revenu au Belarus, de crainte que sa famille n’y soit victime de persécutions, voire arrêtée par les autorités.

Voilà quelques-unes de ses observations (extraits choisis, pour la clarté du propos) :

KIEV, Ukraine – « Quand on vous dit qu’on connaît aujourd’hui à peu près tout des effets de la catastrophe de Tchernobyl en Ukraine et au Belarus, permettez-moi de vous dire qu’on vous mène en bateau. Comment dire... c’est aujourd’hui seulement, soit 30 ans après le début de cette catastrophe, qu’on peut commencer à mesurer ses effets. Nous avons établi notamment que le Belarus a été touché bien plus qu’on ne l'a dit. Les retombées radioactives ont été bien plus importantes qu’on ne le prétend. La radioactivité déversée sur les populations a en vérité atteint un niveau de dose démentiel. Voilà ce que mon équipe de chercheurs et moi avions pu observer dès notre arrivée à Gomel en 1990, lorsque nous avons mis sur pied l’institut médical (qui est aujourd’hui devenu une université).

On a commencé par étudier les effets des fortes doses parce que Gomel était situé à l’épicentre du plus haut niveau de contamination. Par la suite, nous avons commencé à nous intéresser à l’accumulation des éléments radioactifs dans les organes internes au corps, relativement aux faibles doses, notamment chez les enfants. On a très vite vu qu’un ensemble complexe de pathologies avaient affecté le système endocrinien (c’est lui qui produit les hormones), le système cardiovasculaire ainsi que la totalité quasiment des organes internes. De telles recherches n’avaient jusqu’alors jamais été faites au Belarus, et personne à ce jour ne fait plus de recherches similaires.

 

Lire la suite sur Crashdebug

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir