23.06.2016 - L’alliance russo-iranienne en Syrie est à la croisée des chemins

Les deux puissances ne voient pas le conflit sous le même angle, mais n’ont pas d’autre choix que de nager ensemble

La réunion des ministres de la défense de l’Iran, de la Russie et de la Syrie à Téhéran jeudi dernier soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Pourquoi l’Iran pense-t-il qu’il est nécessaire de prendre une telle initiative à ce stade ?

Presque tout ce que nous savons à propos de l’événement est attribuable au ministre iranien de la Défense, le général Hossein Dehqân, qui a été largement cité par les médias iraniens.

Dehqân a souligné que la réunion de Téhéran a fait le bilan du conflit en Syrie, à partir d’un point de vue stratégique. Il a noté les points clés suivants :

- La cause profonde du conflit syrien a été la politique des États-Unis, de l’Arabie saoudite, d’Israël et de certains autres états de la région « agressifs et expansionnistes » ;

- Les États-Unis et leurs alliés régionaux ont été malhonnêtes dans leurs prétentions de lutter contre le terrorisme ;

- Il y a un « dangereux complot » en cours, qui vise à déstabiliser la région, incite au séparatisme et porte atteinte à la souveraineté nationale de la Syrie ;

- L’ordre du jour de l’Iran a toujours été d’engager « un combat tous azimuts » contre le terrorisme et cette approche va persister ;
- L’Iran a convoqué la réunion pour discuter de la nécessité de mener « une action rapide, globale et coordonnée décisive » contre les groupes terroristes. La réunion de Téhéran a eu lieu dans le contexte de rumeurs, selon lesquelles les approches russes et iraniennes concernant la situation syrienne ne sont pas convergentes. Certains rapports récents dans les médias iraniens ont même exprimé la critique que la Russie se relâchait dans ses opérations militaires récentes en Syrie.

D’autre part, Moscou a très peu divulgué au sujet de la réunion de Téhéran. Le Ministère de la Défense russe a simplement dit que la réunion avait discuté des « mesures prioritaires pour renforcer la coopération » contre les groupes extrémistes et des « initiatives de sécurité » visant à empêcher les groupes djihadistes de « mener des opérations plus larges ».

L’assaut problématique sur Raqqa

Cependant, quatre jours après la réunion de Téhéran, le 13 juin, l’agence de nouvelles russe Sputnik a publié un commentaire intéressant analysant l’équilibre des forces en Syrie.

Il a souligné que les forces gouvernementales syriennes sont surchargées et que les attentes d’une victoire militaire imminente à Raqqa ou à Alep doivent être tempérées. Le commentaire a donné l’appréciation suivante sur Raqqa :

- Raqqa est une grande ville avec une population de 200 000 personnes, qui rend toute tentative d’assaut très difficile. En outre, les militants de Daesh ont sérieusement renforcé leurs positions à travers la ville… Un autre problème est le manque de troupes dans l’armée et les forces populaires. À l’heure actuelle, les unités de l’armée et les forces populaires les plus capables sont déployées à Raqqa, dont une brigade de chars et la brigade des opérations spéciales Desert Eagles. Cependant, il est difficile d’évaluer leur nombre, ainsi que leurs capacités de combat.

- L’efficacité des frappes aériennes russes lors de l’avance sur Raqqa est inférieure à ce qu’elle était au cours de la phase active de la campagne de la Russie, parce que les aéronefs opèrent maintenant au maximum de leur distance de combat. Il est également peu probable que l’armée puisse reprendre le contrôle de l’aérodrome militaire local et, même si l’aérodrome était repris, les militants de Daesh seraient encore en mesure de le bombarder… Qui plus est, des frappes aériennes dans les zones résidentielles sont impossibles, et l’armée syrienne ne va pas engager une attaque directe contre Raqqa, en raison du manque de personnel. Dans cette situation, l’assaut prendrait des mois.

Faisant une évaluation quelque peu semblable à Alep, le commentaire a noté que les meilleures unités des forces syriennes se sont déjà engagées sur le front de Raqqa et les réseaux de communication et les lignes d’approvisionnement sont étirées à Alep.

 

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