23.06.2016 - 80 % des cancers dus à la dégradation de l’environnement : l’urgence d’agir

Alors qu’un rapport de l’OMS chiffre à 12,6 millions le nombre de morts dues aux pollutions diverses et aux substances chimiques, les politiques ne font toujours rien pour réglementer les secteurs impactant fortement notre santé. Une attitude fortement dénoncée par Dominique Belpomme, cancérologue. Pour lui, il faut arrêter de sous-estimer l’impact de l’environnement sur notre santé.

Dominique Belpomme, cancérologue de profession mais aussi directeur de l’Institut Européen de Recherche sur le Cancer et l’Environnement (ECERI), enrage de voir les véritables causes de nombreuses maladies si méconnues du grand public, alors que la recherche en la matière apporte des résultats probants. Selon lui, l’augmentation des maladies comme le cancer, l’obésité, les allergies, les troubles du comportement est due, en très grande partie, à la dégradation de notre environnement. Et il n’y a plus de doutes là-dessus.

Maladies modernes : l’impact de notre mode de vie sur l’environnement

Des maladies dues à l’environnement ? Du bon sens, pensez-vous. Mais on n’en mesure pas assez l’ampleur. Le rapport de l’OMS est formel : entre 70% et 90% des cancers sont directement liés à l’environnement et à sa dégradation. De même, 10% des décès par cancer sont directement liés à la seule pollution atmosphérique. Les chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé sont un véritable choc. Pourtant, selon Dominique Belpomme, « une fois de plus, l’OMS a du retard, il s’agit de généralités que nous connaissons depuis plus d’une dizaine d’années ». Les progrès de la science en terme d’épigénétique (fait que les gènes soient modifiés par des facteurs environnementaux) sont même allés jusqu’à prouver l’existence d’une « hérédité épigénétique » : des pathologies dues à l’environnement sont transmises jusqu’à la quatrième génération.

Pour le cancérologue, il existe une véritable désinformation ou mal-information autour des causes réelles des cancers : « contrairement à la thèse classique (véhiculée), l’origine des cancers ne relève pas seulement d’une modification des facteurs de risque liés aux modes de vie, au vieillissement, ou bien encore aux progrès médicaux dans le dépistage. C’est l’arbre qui cache la forêt ! ».

En cause : retard de la recherche française et refus du changement

Mais alors pourquoi, si le cancérologue est si certain dans ses assertions, rien n’est fait pour informer et changer les choses ? Bien placé pour avoir une vision globale, Dominique pense que cela est en partie dû au retard de la recherche française en matière d’impact de l’environnement sur la santé – sur les 3 000 articles scientifiques épluchés sur le sujet par le directeur de l’ECERI, seuls 10 étaient français. A cela s’ajoute le fait que le corps médico-légal (INSERM et Institut de veille sanitaire) « ne li(t) pas les publications internationales et reste donc figé dans l’ancien paradigme ». Impossible alors de suivre l’évolution de la recherche.

C’est donc en toute logique que les politiques publiques ne suivent pas, puisqu’elles basent leurs évolutions sur les avis et préconisations de responsables de la santé visiblement en retard sur leur temps. « D’où des mesures de prévention qui se limitent à la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme (…) En fait, rien ou presque n’est fait concernant le rôle néfaste des pesticides et perturbateurs endocriniens, de la pollution de l’air par les particules fines émises par le diesel, ou encore de l’effet possiblement cancérigène des champs électromagnétiques », selon le cancérologue reconnu.

Mais cet aveuglement est aussi volontaire, et les causes du retard en terme de législation ne sont pas seulement à trouver du côté scientifique : pour Dominique Belpomme, « Reconnaître un lien de cause à effet revient à remettre en question le fonctionnement même de notre société et l’existence d’intérêts financiers ou économiques qui sont contraires à la préservation de la santé et de la morale hippocratique. C’est remettre en question un certain nombre d’activités humaines puisque la pollution est essentiellement liée à des industries polluantes. D’où des lobbies qui freinent encore des quatre fers face aux décisions qu’il faudrait prendre ».

 

Lire la suite sur La Relève et la Peste

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir