18.06.2016 - Ces anglophones qui se prennent pour des allophones

Dernièrement, je pense à toutes les choses problématiques qui se passent au Québec et je me dis : peut-être que c’est juste trop étroit d’esprit de ta part de t’en prendre aux allophones ? Puis, j’en croise deux ou trois tout au long de la journée et, malgré moi, ça me rappelle à quel point cette situation est sotte et je suis porté à vouloir ajouter mon grain de sel.

Depuis mon arrivée à Montréal en 2009, une « espèce » m’entoure et elle semble n’exister qu’au Québec : l’allophone ! Si vous n’êtes pas du Québec, vous vous demanderez peut-être ce que diable est un allophone ? Courte réponse : un allophone est une personne au Québec qui n’a ni le français ni l’anglais comme langue maternelle.

Je n’ai jamais trop aimé ce terme, très politiquement correct, « allophone ». Je comprends qu’il nous faut un mot pour parler de cette espèce qui ne semble exister qu’ici, mais je trouve que ce terme ne fait pas grand-chose sauf fausser les statistiques linguistiques de la ville de Montréal. Mais je suppose qu’il faut dire quelque chose pour contenter certains enfants d’immigrés, comme les anglophones d’origine italienne/grecque de la troisième génération, prétendant être allophone. Cette comédie a tendance à dévoiler son vrai visage, d’ailleurs décevant, quand on leur demande pourquoi leurs connaissances du Québec sont si pitoyables quand ils ont physiquement vécu toute leur vie ici.

D’ailleurs, certains groupes considérés « allophones » sont pratiquement francophones. Pensez aux gens du Maghreb, d’Haïti, même du Viêtnam d’il y a quelques décennies—ces personnes fonctionnent ou s’expriment en français au Québec. En ce qui me concerne, ils sont des francophones. D’autre part, des « allophones » de l’Inde, du Pakistan, du Népal et de la Jamaïque s’expriment presque uniquement en anglais au Québec. Ils sont donc des anglophones. Mais les statistiques les traitent comme des allophones mystérieux. Niaiseries du gouvernement mises à part, j’aimerais seulement que ces personnes assument leur véritable identité d’anglophone et qu’ils cessent cette farce d’allophone.

Je sais par expérience que beaucoup de faux allo-anglophones, quand on s’adresse à eux en français, pètent une coche et te crient qu’ils paient leurs impôts. Ceci dit, ils disent en anglais qu'ils n'ont pas d’intérêt à s’intégrer à la société ou quelque chose du genre et nous recommandent de ne pas fréquenter leurs commerces si l’on a l’habitude audacieuse de leur parler en français (alors qu’ils prétendent être locuteurs de telle ou telle autre langue). Cette tactique a pour but de se faire pardonner quand ils se comportent en anglophone stéréotypé historique du Québec (c’est-à-dire : un trou de cul).

Oui, peut-être que d’un point de vue strictement libertaire, on peut justifier un tel manque de tenue. Moi, néanmoins, j’aimerais que Montréal conserve son statut unique de métropole francophone en terre d’Amérique. En plus, ce n’est pas comme si parler français dépasse les bornes du bon goût et de la courtoisie. La plupart de ces allophones n’a aucune idée ce que c’est vraiment la loi et les statuts et répètent, comme dit le vieil adage, que le « Canada est bilingue » ! Peu importe ce que sont pour vrai les lois, ces personnes nous servent le même discours comme raison de leur paresse, manque d’intérêt et fermeture sur eux-mêmes. Le pire : plusieurs francophones ont intériorisé cette manière de faire et continuent à laisser une telle chose se produire.

Puis, il y a ceux parmi les faux allophones qui sont nés et ont grandi à Montréal (comme ils adorent te dire la partie « born and raised » pour mettre l’accent sur leur authenticité), avec des membres de leur famille, véritablement immigrants d’il y a une ou trois générations. Encore, je reviens aux faux Grecs et aux faux Italiens—Montréal en a tellement. Je connaissais un gars qui s’appelle Mike et, prétendant être italien, il ne parle pas cette langue et n’a jamais mis les pieds dans ce pays. Il parle français comme langue seconde et l’anglais comme langue maternelle. Ceci dit, que fait de ce type un Italien, au juste ? Cette logique fait-elle de moi un Québéco-Norvégien, vu que la famille de ma mère est d’origine québécoise ? Non, on m’appelle toujours « américain ». Mais Mike l’anglophone de Montréal, lui, il est italien ! De belles histoires similaires abondaient dans les bureaux où j’ai travaillé à propos de mes anciens collègues « grecs ». Quel monde merveilleux !

Quand j’en parle avec eux, ils me racontent telle ou telle histoire mielleuse qui fait pleurer, sur le fait qu'on a refusé à leurs parents (ou à eux-mêmes) l’accès à l’école française ou encore que les gens au Québec étaient méchants ou quelque chose de ce genre. Ils parlent comme si l'année 1968 d’avant la loi 101 n’avait rien à voir, quand 40% de l’arrondissement de Saint-Léonard étaient des immigrants italiens, avec une majorité des enfants envoyés à l’école anglaise. Certains disent que l’école française catholique refusait des Italiens, mais je demeure suspicieux et sceptique envers cette allégation quand tout le monde sait que la majorité des immigrants voulait l’école anglaise pour leurs enfants. C’était typique à l’époque et ce l'est sûrement toujours aujourd’hui.

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