12.06.2016 - Les confidences de Dieudonné

(Québec) Dieudonné ne laisse personne indifférent. Celui qui est vu comme l'un des comiques français les plus doués a cessé d'en faire rire plusieurs lorsqu'il s'est mis à se moquer de façon répétée du peuple juif, allant jusqu'à faire monter sur scène un négationniste reconnu. Aujourd'hui, le controversé artiste se dit «en paix», d'où le titre du spectacle qu'il présentera de manière virtuelle à LaScène Lebourgneuf, dimanche.

Au cours des dernières années, Dieudonné M'Bala M'Bala a passé beaucoup de temps sur les planches, certes, mais il semble en avoir passé tout autant devant les tribunaux, condamné à une quinzaine de reprises. Il a aussi intenté plusieurs poursuites dans des cas d'injure ou de liberté d'expression. 

Certains, qui l'avaient associé à la gauche, ont sourcillé lorsqu'il s'est rapproché d'organisations comme le Front national, en France. D'autres continuent de le soutenir fermement.

L'artiste, qui compte se retirer avec sa famille dans le Cameroun de ses ancêtres d'ici deux ans, devait revenir dans la Belle Province à la mi-mai pour présenter son spectacle En paix, mais l'entrée au pays lui a été interdite. C'est pourquoi il offrira à Québec, dimanche, deux représentations en faisant appel à la technologie de l'hologramme. Le Soleil s'est entretenu avec lui.

Q Parlez-moi de votre arrivée à Montréal, le 10 mai, lorsque vous avez été refoulé par l'Immigration. C'était une journée mouvementée : vous aviez été déclaré coupable par la justice française des délits d'injure raciale et de provocation à la haine alors que vous étiez en direction du Canada...

R Même pas, puisque l'appel était instantané, parce que c'était une condamnation de première instance. L'appel était fait, c'était suspensif. J'étais très étonné parce qu'on avait un avocat sur place et les condamnations définitives - il y en avait trois ou quatre - n'entraînaient pas dans le droit canadien d'interdiction de ce genre-là, alors j'étais plutôt serein. C'est pour ça que je suis venu, sinon je ne serais pas venu.

Q Vous avez pris davantage de temps pour préparer le spectacle de Québec, par rapport à celui de Montréal, également offert de manière virtuelle. Est-ce à dire que pour le contenu, ce sera une version différente du spectacle En paix, prévue au départ?

R En paix, ça reste vraiment pour moi... Rire avec le thème de la paix était un challenge dans lequel je me suis lancé il y a un an. Il y avait eu les attentats à Charlie Hebdo et pendant que je jouais [le spectacle], il y a eu les attentats du mois de novembre à Paris. Cette thématique de la paix s'est imposée d'elle-même. L'homme de scène est un baromètre. On essaie de s'inspirer aussi du contexte dans lequel on essaie de faire rire. Faire rire avec la paix, j'ai vécu des moments extraordinaires. À aucun moment, j'aborde des éléments qui peuvent fâcher, comme la politique d'Israël...

Q Mais par l'allégorie, tout de même, vous lancez quelques flèches, en particulier lorsque vous parlez des végétaux et, plus particulièrement du lierre grimpant, qui est envahissant... (Dans le texte du spectacle, Dieudonné dit que lorsqu'il en croise, il a «des envies de génocides».)

R Je commence le spectacle en disant «que la paix soit avec vous» et je le termine dans le même état d'esprit. Là je dis que le lierre grimpant... Je ne veux pas faire de parallèle... J'explique que ç'a pris toute la place sur ma maison, que je l'avais invité sur mon balcon et qu'un an après, il habitait tout l'appartement et donc que j'étais en territoire occupé. C'est le seul lien qu'il peut y avoir. Faut vraiment être un peu hystérique... Je crois que sur une heure trente de spectacle, une phrase où je parle du lierre qui était sur mon balcon, il faut être de mauvaise foi...

Q On sent que c'est une pointe là-dessus, il y en a aussi sur d'autres sujets...

R Oui, mais pas sur le sujet israélien. C'est un spectacle qui ne traite pas de ce sujet-là.

Q Vous étiez venu à Québec en 2007 et en 2008 et depuis, on sent que votre relation avec le milieu juif s'est vraiment radicalisée. Est-ce que plus on vous traînait devant les tribunaux, plus vous réagissiez en accumulant les provocations?

R Quand je me retourne sur cette partie de mon histoire, j'ai été à la fois acteur, c'est sûr, mais spectateur aussi d'un changement. Je crois que le premier ministre français [Manuel Valls] disait : «Je suis lié de manière éternelle à l'État d'Israël», et il a fait de moi une sorte de symbole. Je pense qu'on a un destin qui s'est lié, à partir de l'interdiction de mon spectacle de 2014, surtout, mais même avant.

 

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