05.06.2016 - Une victoire de Clinton signifierait-elle plus de guerres ? Par Robert Parry

Le 10 avril 2016

Reportage spécial : Des néoconservateurs perspicaces voient en Clinton leur cheval de Troie pour être remis en selle à la Maison-Blanche par les électeurs démocrates, et ceci soulève la question posée par Robert Parry : est-ce que Clinton comme quarante-cinquième président ne signifierait pas plus de guerres ?

Par Robert Parry

Les instances du parti démocrate semblent déterminées à soutenir la campagne sans envergure d’Hillary Clinton jusqu’à la ligne d’arrivée de sa course avec Bernie Sanders, et comptent sur les divisions des Républicains pour lui ouvrir la route à la Maison Blanche. Mais – si elle arrive jusque-là – le monde devra retenir son souffle.

Si Clinton devient présidente, elle sera entourée par une équipe de néoconservateurs exerçant le contrôle sur la diplomatie américaine, qui lui imposera de reprendre ses stratégies de “changement de régimes” au Moyen-Orient et d’intensifier sa nouvelle et dangereuse “guerre froide” vis-à-vis de la Russie.

Si Bachar el-Assad est encore président de la Syrie, on exigera qu’elle lui donne le coup de grâce final ; il y aura également des pressions pour qu’elle augmente les sanctions contre l’Iran afin de pousser Téhéran à abandonner l’accord nucléaire ; il y a déjà des appels pour un plus large déploiement de troupes américaines à la frontière russe et pour une intégration de l’Ukraine dans la structure militaire de l’OTAN.

Hillary Clinton, quarante-cinquième président, devra entendre les argumentaires habiles justifiant ces mesures, la rhétorique opposant systématiquement la virilité à la féminité et la propagande pleurnicharde sur les ennemis diaboliques sortant les bébés des incubateurs, donnant du Viagra aux soldats pour qu’ils violent plus de femmes et commettant d’horribles crimes (certains bien réels, mais beaucoup imaginaires) sur des innocents sans défense.

Est-ce que quelqu’un pense qu’Hillary Clinton possède la sagesse de résister à ces chants de sirènes guerriers, même si elle y est prédisposée ?

Le président Barack Obama qui – malgré toutes ses fautes – possède une intelligence plus profonde et plus subtile que celle d’Hillary Clinton, s’est trouvé lui-même si accablé par ces pressions venant de la stratégie militariste de Washington qu’il s’est plaint de sa situation inconfortable auprès de Jeffrey Goldberg de The Atlantic, lui-même faucon néoconservateur.

La diplomatie de Washington est aujourd’hui si profondément aux mains des néoconservateurs et de leurs comparses affiliés à la doctrine libérale la plus interventionniste, que l’actuel président ne pourrait sans doute trouver personne pour l’interviewer, excepté un néoconservateur, même s’il se plaignait du fait que la capitale américaine soit entre les mains de bellicistes.

Étant donné la toute-puissance des néoconservateurs sur la diplomatie américaine – particulièrement au sein de l’administration du département d’État, des grands médias et des think tanks importants – Clinton sera harcelée par des demandes et des projets “va-t-en guerre” émanant à la fois de l’extérieur de son administration et de son propre camp.

Déjà, des néoconservateurs influents, tel que Robert Kagan de la Brookings Institution, ne cachent pas qu’ils escomptent avoir une influence non négligeable sur la diplomatie de Clinton. Kagan, qui s’est repositionné lui-même comme un “libéral interventionniste”, offre son soutien à Clinton qui l’avait nommé au Conseil consultatif du département d’État.

On dit aussi à Washington que l’épouse néoconservatrice de Kagan, Victoria Nuland, secrétaire d’État adjointe pour l’Europe, une autre protégée de Clinton et l’architecte du “changement de régime” en Ukraine, serait en lice pour une haute fonction diplomatique dans l’administration Clinton.

Les néoconservateurs de retour aux manettes

A vrai dire, l’élection de Clinton signifie qu’une partie des personnes les plus dangereuses de la diplomatie américaine pourraient murmurer directement à ses oreilles leurs combines pour “toujours plus de guerre” – et son dossier montre qu’elle est parfaitement sensible à de tels conseils.

 

Lire la suite sur Les Crises, traduction depuis Consortium News

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