26.05.2016 - La réforme de la discorde

Dictatorial, le ministre de la Santé? Gaétan Barrette balaie les critiques du revers de la main et promet de compléter rapidement sa transformation du réseau de la santé.

Médecins, infirmières, pharmaciens, gestionnaires… Des milliers de professionnels et de cadres du réseau de la santé sont sur le pied de guerre. Ils accusent le ministre de la Santé de précipiter les réformes sans les consulter et sans mener d’études sur les contrecoups de ces mesures. Beaucoup d’entre eux accusent aussi Gaétan Barrette de se comporter en dictateur, allergique à la critique.

Le principal intéressé n’en a cure.

«Connaissez-vous une seule personne qui fait des changements rapides et qui n’est pas taxée d’être dictatoriale ? Trouvez-en une, et je vais essayer de la prendre comme modèle», lâche-t-il d’un ton sans appel. Il a beau piloter le ministère le plus grand et le plus complexe, qui accaparera bientôt 50 % des dépenses de l’État, où travaillent des centaines de milliers d’employés, cet ancien radiologiste considère sa vie de ministre comme beaucoup moins stressante. «Je suis un angiographiste, dit-il. Quand je dilate une artère carotide, il y a un niveau de tension qui est beaucoup plus élevé que quand je vous parle, croyez-moi.»

Contre vents et marées, Barrette, ancien président de la Fédération des médecins spécialistes, promet désormais d’utiliser ses talents de négociateur pour combattre le «corporatisme» de tous les professionnels de la santé et mettre en œuvre son ambitieuse — et controversée — réforme.

La santé occupe une part toujours grandissante des dépenses de l’État. Or, l’accès aux soins demeure difficile. Entendez-vous, et comprenez-vous, la frustration du public ?

Non seulement je l’entends, et je la comprends, mais c’est la raison fondamentale pour laquelle je me suis lancé en politique. C’est pour ça que je crée des guichets d’accès à un médecin de famille, des supercliniques, et que je change le mode de financement des hôpitaux. Je comprends très bien les critiques des gens, mais à un moment donné, pour améliorer les choses, il faut que quel­qu’un dirige, gouverne ! Gouverner, ça veut aussi dire mettre en place des règles. Le problème du réseau, c’est que jusqu’à ce que j’arrive, c’était laissé au bon vouloir de bien des gens, particulièrement les médecins. Je suis en train de corriger ça.

Vous avez annoncé la création de 50 «supercliniques» médicales. Or, la Fédération des méde­cins omnipraticiens n’était pas à vos côtés lors de l’annonce. Et les infirmières dénoncent le fait que ces cliniques soient uniquement centrées sur les médecins. Pouvez-vous réussir sans la collaboration de ces deux grands partenaires ?

Il faut faire la distinction entre le discours public des organisations, dont la mission est de défendre des positions carrément politiques, et le discours en coulisses. C’est normal, pour des fédérations de médecins et d’infirmières, de défendre leur territoire. Derrière la vertu, il y a du corporatisme. Tous les professionnels, sans exception, viennent me voir pour me demander plus d’argent, de territoire, de liberté. Les hygiénistes viennent me voir pour avoir plus de place par rapport aux dentistes, les optométristes veulent plus de place par rapport aux ophtalmologues et aux opticiens, les infirmières veulent plus de place par rapport aux pharmaciens et aux médecins, les pharmaciens veulent plus de place que les médecins, les médecins veulent garder leur place, et les sous qui vont avec… Tout le monde est, à la base, corporatiste.

 

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