21.05.2016 - Fort McMurray, le trou du cul du monde

Je m’excuse à l’avance, il est possible que la poussière ne soit pas encore retombée.   Avant de lire ces quelques lignes, il faut mettre de coté la sensibilité et la compassion pour les gens qui ont perdu leur maison.   Sans coeur, aussi immonde que ça puisse paraître, il faut faire abstraction de ces vies chamboulées.   Il y a parfois des événements ironiques dans la vie.   Des situations qui nous permettent de penser autrement, en perspective, à quelque chose de plus grand.


Un court séjour chez Maurice

J’ai déménagé à Fort McMurray en 2009.   Comme plusieurs autres canadiens, je cherchais un moyen facile de faire de l’argent.   Un salaire de 100,000$ par année, c’était attrayant pour un jeune de 19 ans tout juste gradué du Cégep.   « Je vais placer de l’argent de côté, payer mes dettes d’études, et je reviendrai au Québec avec un gros char ».   C’est la même pensée qui traverse l’esprit de milliers de jeunes canadiens à chaque année.   Il n’en fallait pas plus pour nous attirer!   Mon ami et moi étions déjà en route pour le trou du cul du monde: Fort McMurray.

Jamais auparavant je n’avais vu autant de pick-ups!   Que ce soit dans les rues, les entrées de maisons ou le stationnement du Walmart, il y en avait partout.   À Fort McMurray, il y a plus de concessionnaires que d’organismes communautaires, de bibliothèques et d’écoles mis ensemble.

On se le répétait, bientôt, nous allions être riches!   Quelques nuits difficiles à dormir dans notre vieille caravan, le temps de trouver un emploi… et le tour est joué!

Quelques jours plus tard, nous avions trouvé une chambre à louer chez une famille de Québécois.   Le visage de Fort McMurray, c’était cette famille de la Beauce.   Ils avaient déclaré faillite, ils étaient sans ressources et sans moyens.   Pour eux, avec leurs deux adolescents, « Le Mac » c’était leur dernier espoir.

Ces Beaucerons n’avaient aucune éducation, toute la famille était obèse, à chaque soir ils commandaient du poulet frit ou de la pizza.   Les caisses de Coca-Cola et de Molson Canadian faisaient partie intégrante de la décoration.   Bref, une famille colonisée, des truckers de Fort. Mc.

Maurice nous demandait 1 000$ pour une petite chambre avec deux lits simples.   Un pied séparait les deux lits, on s’entendait péter.   Ça allait faire la job!   Une maison fièrement achetée 500 000$ par les propriétaires, payée par les chambreurs, nous étions 8!   Maurice nous l’avait bien dit: « Le Québec c’est de la marde, jamais j’aurais pu m’acheter une grosse cabane là-bas ».

Même après une faillite, c’est très facile de trouver un prêteur dans le Mac, surtout avec un revenu de 100,000$ pour chauffer un camion ou ramasser les ordures.

Maurice allait faire fortune, il était en train de construire 4 nouvelles petites chambres au sous-sol pour les prochains arrivants, il planifiait s’acheter une deuxième maison.   Maurice avait des rêves.

Ça ne faisait même pas un mois que nous étions là qu’il augmenta notre loyer à 1,200$ par mois.   Si l’on refusait, nous devions quitter le lendemain matin.   C’est ce qu’on a fait, salut mon cher Maurice!   J’ai quitté la maison de Maurice aux petites heures du matin avec un sac à vidange rempli de vêtements, mon ordinateur fabriqué avec du pétrole et quelques bouquins.  

 

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