15.05.2016 - Le Japan Times, les blindés et l’amiante

Le Japan Times du 8 mai fait écho à la lettre au premier ministre Trudeau où quinze groupes importants, dont Amnistie Internationale, les Artistes pour la Paix et la Ligue des Droits et Libertés, se déclaraient horrifiés par la vente de blindés canadiens à un pays où les droits humains les plus élémentaires sont bafoués.

L’Arabie Saoudite, un pays fabriqué aux frontières dessinées selon ses réserves de pétrole par une alliance anglo-américaine, a répandu par des subventions de dizaines de milliards de $ la pire forme de fanatisme religieux qui soit (depuis les Croisades ?), c’est à dire le wahhabisme djihadiste, utilisé aussi par Al-Qaeda et par l’État islamiste.

Mais cet article en appui à notre protestation collective, a soulevé un autre sujet qui nous interpelle particulièrement :

« Le Canada n’est pas immunisé contre le syndrome de l’hypocrisie internationale. En juin 2011, le gouvernement Harper votait de façon à empêcher l’ajout de l’amiante sur la liste des produits chimiques dangereux de la Convention de Rotterdam de l’ONU. Le Canada s’était successivement opposé à l’inscription de l’amiante sur cette liste lors des assemblées de la Convention en 2004, 2006 et 2008 ; il s’était par la suite abstenu lors des votes de 2013 et 2015. L’amiante ne figure toujours pas sur la liste à cause de l’objection de sept pays : la Russie, le Kazakstan, l’Inde, le Kyrgyzstan, le Pakistan, Cuba et le Zimbabwe. Ce n’est pas que le Canada n’adhérait pas au consensus scientifique de l’époque : l’amiante était interdit de vente à l’intérieur de ses frontières en vertu d’une réglementation stricte sur la santé. Mais le Canada était bien aise d’extraire, d’expédier et de monnayer l’amiante au prix de nombreuses vies humaines dans le Tiers-Monde. On peut se demander si cette exportation n’était pas encore plus immorale [que celle des blindés à l’Arabie Saoudite], bien qu’elle n’ait jamais soulevé une opposition comparable, ni un examen aussi minutieux. » (traduction de l’anglais : Christian Morin)

Nous nous objectons à cette opinion qui dénigre les forces d’opposition à l’amiante. Retour en arrière : le premier gouvernement de René Lévesque, qualifiant l’amiante d’« or blanc », l’avait nationalisé à grand coût, malgré quelques protestations de médecins et de Michel Chartrand, déjà conscients des ravages sur la santé de travailleurs dans les mines et dans l’industrie de construction, sans compter celle des enfants exposés dans des écoles ignifugées avec le produit cancérigène.

Ces ravages avaient été amplement documentés, statistiquement démontrés et vérifiés en janvier 2009 par un rapport dévastateur produit par deux courageux professionnels de la santé – Dr. Fernand Turcotte et Dr. Pierre Auger, experts en épidémiologie et en médecine du travail, hélas contredits par deux recherches secrètement (mais pas assez !) financées par l’industrie du chrysotile de « chercheurs » (qui avaient trouvé avant de chercher !) de l’Université McGill, puis de Concordia.

Heureusement, toutes les directions régionales de santé publique du Québec (incluant celle de la région d’Asbestos) eurent la probité professionnelle d’ignorer ces recherches frauduleuses et, à l’instar du tenace et intègre co-chef de Québec Solidaire, le médecin Amir Khadir, de sommer le ministre docteur Yves Bolduc de ne pas trahir ses obligations déontologiques et de s’opposer à l’amiante.

Mais près de quarante ans après les premières constatations médicales de la nocivité du produit, le 29 juin 2012, un vendredi en fin d’après-midi (meilleur temps pour éviter les questions de l’opposition et des journalistes), le premier ministre Jean Charest annonça à l’Assemblée nationale que son gouvernement verserait un prêt de 58 millions de $ à la réouverture de la mine d’amiante Jeffrey.

Les Artistes pour la Paix réagirent immédiatement en protestant contre la relance d’une activité minière alors responsable, dans le monde, d’environ 100 000 victimes annuelles, selon l’Organisation Mondiale de la Santé.

Puis fut déclenchée une élection provinciale lors de laquelle les APLP, pour la première et unique fois depuis leur fondation il y a 33 ans, lancèrent un appel à voter contre le parti Libéral corrompu et la CAQ pro-nucléaire.

Car, si notre but premier fut la fermeture de la centrale nucléaire à l’aide d’un populaire film réalisé par notre présidente Guylaine Maroist qui démontrait les coûts et les dangers de rafistoler une vieille centrale, notre second objectif était de protéger l’éducation (qui devait bientôt se trouver sous-financée par les Libéraux de retour au pouvoir) et notre troisième, d’en finir une fois pour toutes avec l’extraction de l’amiante.

 

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