09.05.2016 - "Si les multinationales payaient leurs impôts, l'Afrique n'aurait besoin d'aucune aide"

L’évasion fiscale des grandes multinationales coûte jusqu’à 60 milliards de dollars à l'Afrique. Une situation dénoncée par l’activiste Stella Agara, qui estime que l’UE n’en fait pas assez pour lutter contre le phénomène. Un article de notre partenaire Euractiv.

Stella Agara s'est impliquée très tôt dans les questions d'évasion fiscale, en devenant bénévole de la campagne Cancel Debts for Children (Supprimons la dette des enfants). Elle est à présent une des dirigeantes de l'African Youth Trust. Originaire du Kenya, elle travaille aujourd'hui au Malawi et était à Bruxelles lors d'une campagne de sensibilisation européenne.

EURACTIV - Le nouveau projet européen de rapport pays par pays a pour objectif de montrer où les multinationales payent leurs taxes et engrangent leurs bénéfices. Qu'en pensez-vous?

STELLA AGARA - La Commission européenne a bien déclaré qu'il y aurait un rapport pays par pays. Je ne l'appelle pas un rapport « public » pays par pays, parce qu'il est limité aux États membres.

Quid des pays non-européens ? Si ces informations ont pour but de combattre l'évasion fiscale, c'est dans les pays qui en souffrent le plus que ces données seraient le plus utiles. Je ne l'appellerai un rapport public pays par pays que s'il couvrait réellement tous les pays et si tout le monde y avait accès. L'UE fait des efforts, mais ce n'est pas suffisant.

     | Lire : Pourquoi la liste noire européenne des paradis fiscaux risque d'être inopérante

Que pensez-vous de l'idée d'une liste noire des paradis fiscaux ? Les entreprises devraient publier les informations relatives à leurs activités dans ces pays-là.

Il est peu probable que la Suisse ou les Pays-Bas se retrouvent sur cette liste. Nous avons réalisé qu'un très grand nombre d'Européens ne considéraient même pas les Pays-Bas comme un paradis fiscal. J'imagine que les pays qui ne font pas partie de l'UE seront sur la liste et que les États membres seront pris avec des pincettes.

Certaines parties empêcheraient en effet que tous les paradis figurent sur la liste. Au final, il ne s'agit pas de paradis fiscaux, mais de la mise à disposition d'informations utiles au public. C'est pourquoi je défends un vrai rapport public pays par pays, et non cette espèce de club exclusif qui sera utilisé pour maintenir le statu quo et désavantager des millions de personnes.

 

L'UE verse de l'aide au développement aux pays comme le Kenya...

C'est vrai, un grand volume d'aide au développement est versé aux pays comme le Kenya. Je voudrais cependant rappeler un certain nombre de faits établis par un rapport de l'Union africaine (UA) sous la commission Mbeki.

Le rapport se penche sur les flux financiers illicites au départ de l'Afrique et conclut que le continent perd l'équivalent de trois fois l'aide au développement qu'il reçoit.

Le principal problème est l'évasion fiscale des multinationales, puisque ce phénomène représente 60% de l'argent que l'on perd. La corruption représente entre 12 et 15%. Le reste est avant tout engendré par les mauvaises pratiques commerciales.

 

Lire la suite sur La Tribune

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir