03.05.2016 - Mali : la mafia fait main basse sur l’or du Mali

Avec une production moyenne de 70 tonnes par an, les mines d’or du Mali génèrent des centaines de milliards CFA. Mais l’État malien et les populations installées sur les sites n’y voient que du feu à cause, notamment, du système mafieux mis en place par les sociétés minières. Avec la complicité tacite de la Banque mondiale.

« Parce qu’il n’a pas les moyens techniques d’extraire son or et que la Banque mondiale en a décidé ainsi, l’État malien n’est qu’un actionnaire minoritaire des entreprises exploitantes, présentes sur son sol ».

Dans un rapport d’enquête, publié en 2007 déjà, la fédération Internationale des Droits de l’Homme(FIDH) lève un coin du voile sur la gestion, faite de l’or malien, par les multinationales. Troisième  producteur mondiale d’or, après l’Afrique du Sud et le Ghana, le Mali n’en demeure pas moins l’un des pays les plus pauvres au monde.

Ce constat de la FIDH a été corroboré par d’autres rapports, élaborés par des organisations internationales. Selon le ministère malien des Mines, la valeur totale des exportations d’or a atteint, en 2014, 863 milliards CFA. Soit, plus de 70 % des recettes d’exportation totale du Mali. Mais elle n’a contribué au budget qu’à hauteur de 254,3 milliards CFA. Soit 25 % des recettes budgétaires et 8 % du PIB.

Et comme si cela ne suffisait pas, les populations installées sur ce site n’y voient que de la poussière. La contribution totale des sociétés minières, au développement local, est insignifiante. En 2014, seulement 1 milliard CFA avait été affecté à l’ensemble des villages de Kayes, abritant ces mines.

Espoirs déçus

« Les attentes des communautés locales, en ce qui concerne l’amélioration du niveau de vie socio-économique (éducation, formation, création d’emplois, réalisation d’infrastructures) ne sont pas comblées », indique un élu local.

Et Mr Amadou Konaré, opérateur économique de cette localité d’ajouter : « Franchement, nous ne savons pas ce que l’exploitation minière a rapporté aux populations de Syama, Fourou, et du cercle de Kadiolo. La preuve, c’est que la SOMISY (Société Minière de Syama) n’est pas parvenue à bitumer un tronçon de moins de 100 km, entre la mine et la route nationale reliant le Mali à la Côte-d’Ivoire. Pendant l’hivernage, cet axe est impraticable. Sans compter que les populations de Fourou souffrent toujours d’une grave pénurie d’eau en saison sèche ».

Face à la réaction des populations, la SOMISY rappelle avoir doté le village de Fourou d’un lycée public, d’une salle de spectacle, d’un château d’eau et de salles de classes. Insuffisant, jugent les populations au regard des centaines de milliards CFA générés, chaque année, par les mines de cette localité.

Et l’ONG britannique, Alert, de rappeler, dans son rapport international que les « communautés à la base bénéficient peu de l’exploitation minière »  dans la région de Kayes. Dans le domaine des emplois, les attentes sont loin d’être comblées. Faute d’emplois bien rémunérés dans les mines, les jeunes des localités abritant les mines se voient obligés d’émigrer. Soit vers l’Europe soit vers les villes.

Et un universitaire, originaire de cette localité, de pointer un doigt accusateur vers le gouvernement, qui ne fait rien, ou presque, pour défendre ses intérêts. Et ceux des populations locales : « Nous ne devons pas en vouloir aux sociétés minières, mais au gouvernement et surtout à nos élus, qui ne défendent pas comme il se doit les intérêts communautaires ».

De son côté, le gouvernement explique cette situation par le manque de coordination entre les actions des différentes sociétés minières, opérant dans les mêmes zones géographiques. Ainsi, dit-il, chaque société minière dispose d’un plan de développement communautaire qu’elle met en œuvre, sans concertation avec les autres. En clair, la mise en œuvre du plan de développement local est laissée au bon vouloir des sociétés minières.


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