26.04.2016 - Le pouvoir des matrones

J'ai déjà parlé, sur ce blogue et dans mon livre, de cette espèce de jouissance du pouvoir qui anime tant d'enseignantes au primaire. Voici un nouvel exemple tout frais survenu cette semaine.

À l'école où je travaille, même après la cloche qui marque la fin de la journée, les enseignantes ont mis en place des règlements stricts qui perpétuent la portée de leur contrôle.

Les enfants doivent d'abord se mettre en rang près de l'école. Les enseignantes ADORENT les rangs! Les rangs dans un ordre pré-établi, c'est encore mieux!

Ensuite, en deux vagues distinctes et prédéterminées selon les numéros des autobus, l'une d'elle prend la tête de la procession. D'un pas lent digne d'un asthmatique cul-de-jatte, l'élue fait traverser la cour aux enfants jusqu'aux autobus qui les attendent de l'autre côté du terrain. Et gare à celui ou à celle qui osera dépasser l'enseignante! Les remontrances seront épiques!

Pourquoi ne laisse-t-on pas les enfants se rendre eux-mêmes aux autobus à la fin des classes? Pourquoi doivent-ils attendre qu'une enseignante les précède? Pourquoi doivent-ils partir en deux vagues successives? Pourquoi les faire avancer à une cadence aussi ridiculement lente?

Je travaille dans cette école depuis deux ans et je n'ai toujours pas entendu la moindre justification valide. Lorsque je pose la question, on me regarde comme si j'étais un demeuré.

Évidemment, quand mon tour vient pour faire cette surveillance, je suis incapable de me plier à un cirque aussi absurde. Alors je regarde les enfants et je leur demande s'ils souhaitent traverser la cour en sautillant ou en gambadant. Vous devriez voir les frimousses lorsque je leur pose la question. Au début, ils me regardaient, interloqués, incrédules. Puis, en réalisant que j'étais sérieux, les regards pétillants s'allument et les sourires envahissent les visages.

Ça ne prend pas grand-chose pour semer un peu de bonheur dans la journée d'un enfant.

Et alors, nous traversons tous la cour parfois en sautillant, parfois en gambadant et les élèves adorent.

Après une journée de soumission, de conformisme et parfois d'humiliation, un peu de fantaisie est bénéfique et salvatrice. Je ne vois pas où est le mal, bien au contraire.

Évidemment, vous devinerez facilement que ceci déplaît au plus haut point à certaines de mes collègues. Et c'est finalement l'une d'elle qui, en pleine réunion du personnel de cette semaine, a exposé l'irritant à la directrice. Il s'agit de "Anouk", dont j'ai déjà parlé ici.

 

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