26.04.2016 - Les populistes allemands veulent exclure la France de la zone euro

Deux responsables de l'AfD, parti populiste de la droite d'Outre-Rhin, plaident ce lundi dans le quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung pour une zone euro réservée à quelques pays liés à l'Allemagne, sans la France et les autres nations méditerranéennes.

Correspondant à Berlin

Le parti populiste de droite radicale AfD le reconnaît lui-même: il n'est pas encore prêt à exercer le pouvoir. Mais si tel était le cas, la France pourrait commencer à s'inquiéter. Dans une interview publiée lundi par le quotidien Frankfurtaer Allgemeine Zeitung, deux de ses principaux leaders, Alexander Gauland et Jörg Meuthen, se déclarent favorables à une zone euro restreinte aux pays du nord et du centre de l'Europe, comme «les Pays-Bas, l'Autriche, la Finlande ou les États baltes», qui ont «la même culture de stabilité» que l'Allemagne. «Les Français en ont une autre et ne parlons pas des Italiens, des Espagnols, des Portugais ou des Grecs», explique Jörg Meuthen.

«Personne ne veut mettre la France dehors», complète Alexander Gauland, faussement nuancé. «Mais la France est naturellement un problème politique» pour la zone euro. «En principe, il serait bon que les Français restent. Mais s'ils ne le peuvent pas économiquement ou ne le veulent pas, on doit trouver une autre construction», ajoute-t-il.

Dès la fondation de l'Alternativ für Deutschland, en 2013, les eurosceptiques allemands s'étaient prononcés pour une Europe à plusieurs vitesses, avec une monnaie unique réservée aux pays les plus compétitifs. Les réformes engagées par la France depuis trois ans ne les ont donc pas convaincus. À deux mois du référendum britannique du 23 juin, ils veulent installer l'idée, comme le FN en France, qu'une déconstruction de l'Europe est possible.

L'AfD se rapproche du Front national

Des liens se tissent peu à peu entre l'AfD et le Front national en France, unis dans leur critique de l'Union européenne. Bien qu'ils aient critiqué abondamment le «nationalisme immoral» du parti de Marine Le Pen ou ses positions économiques trop «étatistes», les Allemands de l'AfD veulent désormais constituer un groupe commun au parlement européen avec l'extrême droite française. «Il s'agit de coopérations ponctuelles», précise Alexander Gauland, et non pas d'une alliance de partis, dit-il. Il juge néanmoins la leader du FN «relativement crédible» lorsqu'elle prend ses distances avec les positions «racistes et antisémites» de son père. Les relations de l'AfD avec le FN font débat au sein du parti allemand.

Porté par la crise financière en Europe, la crise des réfugiés et les doutes de la population sur l'intégration des populations d'origine étrangère en Allemagne, l'AfD a remporté des succès électoraux lors des échéances régionales de mars dernier. Même si son programme «anti-islam» suscite une forte polémique en Allemagne, les sondages lui promettent la troisième place sur le podium aux élections fédérales de l'automne 2017, avec environ 12% des suffrages. Ostracisé par les autres formations politiques, l'AfD ne participera à aucune coalition gouvernementale. Mais la formation espère profiter des succès des autres formations eurosceptiques en Europe.

 

Source : Le Figaro

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