24.04.2016 - Bolloré contre Sherpa : une bataille dont les Africains sont les dindons de la farce

Par Feumba Samen

Une mission d’enquête menée en Mai 2010 par Sherpa avait révélé que la privatisation de la Société Africaine Forestière et Agricole du Cameroun—SOCAPALM—avait conduit à la détérioration de l’environnement, aux conflits de propriété non résolus, et aux conditions déplorables de travail et de logement des travailleurs, sans qu’aucune compensation ni indemnité ne soit payée. Un activisme bruyant et chimérique.

Guérilla judiciaire

Pour contraindre le groupe Bolloré à respecter ses engagements, Sherpa en collaboration avec Misereor—Allemagne—, la Fondation Camerounaise d’Actions Rationalisées et de Formation sur l’Environnement—FOCARFE—, et l’association Camerounaise Centre pour le Développement—CED—, avaient initié le 3 Décembre 2010 une plainte auprès de  Points de Contact Nationaux—PCN—de France, Belgique, et du Luxembourg, contre les sociétés Bolloré—France—, Financière du Champ de Mars—Belgique—, SOCFINAL et Intercultures—Luxembourg—, tous qui, de concert, exerçaient un contrôle sur  la SOCAPALM.

Habitué à la guérilla judiciaire, Bolloré Corporate refusa de coopérer avec le PCN Français pour qui l’affaire était recevable. Puis adopta une  “approche stratégique contre la mobilisation publique” en introduisant une plainte en diffamation contre Sherpa et un certain nombre de journalistes. Cependant, le groupe Bolloré retira sa plainte contre négociations.

Six mois de médiation entre les parties conduisent à la présentation d’un plan d’action en septembre 2013 afin de remédier aux violations enregistrées dans le cadre des lignes directrices et d’améliorer les conditions de vie des résidents locaux et des travailleurs de SOCAPALM. Par ailleurs, le groupe Bolloré avait “mis en place un dialogue avec les représentants d’associations des riverains des plantations de Socfin qui a abouti à une rencontre à Paris le 24 Octobre 2014 réunissant les représentants du Cameroun, de Sierra Léone, de Côte d’Ivoire, du Libéria, et du Cambodge.”

Bolloré c’est tout sauf l’éthique

Cette générosité de Bolloré cachait une chose. La corruption multidimensionnelle qui lui ouvre la voie d’une forte rentabilité financière au détriment de la paix sociale. “Comme un empereur conquérant dont les réseaux politiques et médiatiques constituent les armes favorites” selon le journaliste Thomas Deltombe, il joue le profit en mettant en branle ses ramifications d’escrocs. Ses relations avec des régimes peu scrupuleux. Ses collusions avec les services françafricains. Toile mafieuse qui permet à ce rapace d’acquérir des pans entiers des secteurs de production de façon illégale.

Opposant à ses challengers la concurrence déloyale, Bolloré c’est tout sauf l’éthique. Sa stratégie est simple et efficace. Il recrute dans les milieux politique et pas au hasard. Ses proies ? Des hommes qui ont un carnet d’adresse mais surtout, qui sont aptes à être corrompus et à corrompre.

Gilles Alix, l’un de ses directeurs généraux, parlant de ce rapport coupable avec des ministres africains, explique: “on les connaît tous là-bas. Ce sont des amis. Alors, de temps en temps— je vais être clair—, on leur donne, quand ils ne sont plus ministres, la possibilité de devenir administrateurs d’une de nos filiales. C’est pour leur sauver la face. Et puis on sait qu’un jour ils peuvent redevenir ministres.” 


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