22.04.2016 - Taux de diplomation inconnu

Le ministère ignore combien d’élèves en difficulté ont réussi, même s’il leur consacre 2 G$ par année

Même s’il leur consacre plus de 2 milliards de dollars par année, Québec ignore quel est le taux de diplomation des élèves en difficulté, a appris Le Journal. Une aberration, selon les experts interrogés.

En réponse à une demande d’accès à l’information, le ministère de l’Éducation a indiqué qu’il ne détient pas cette information, réclamée pour les 10 dernières années.

Égide Royer, professeur spécialisé en adaptation scolaire à l’Université Laval, n’en revient tout simplement pas. «C’est une donnée fondamentale qui existe dans tous les systèmes éducatifs en Amérique du Nord», lance-t-il.

Même son de cloche de la part de Gérald Boutin, professeur au Département d’éducation de l’UQÀM, et de Pierre Potvin, professeur au Département de psychoéducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières.

«C’est une préoccupation très importante, il faudrait que le ministère regarde ça de près», lance M. Potvin.

Décrocheurs potentiels

Le taux de diplomation des élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) est important puisque ce sont ces élèves (voir encadré) qui sont souvent le plus à risque de décrocher, expliquent ces experts.

Près de 21 % des élèves font maintenant partie de cette catégorie, alors qu’on en retrouvait 12 % il y a 10 ans. Le financement qui leur est consacré était de 2,1 milliards de dollars en 2012-2013.

«On ne peut pas dépenser autant d’argent sans avoir un indicateur fiable de l’impact de ce que l’on dépense sur la réussite, qui est l’obtention d’un des diplômes d’études secondaires, poursuit M. Royer. Sinon, on ne sait pas où on va. On est dans la brume, on ne navigue même pas aux instruments.»

Lacunes identifiées

Le Vérificateur général, dans un rapport publié à l’automne 2014, a déjà identifié des lacunes à ce sujet au ministère de l’Éducation.

«Des données nécessaires pour établir les priorités sont manquantes ou ne sont pas communiquées. C’est le cas pour certains groupes de jeunes dont la réussite pourrait être compromise», peut-on lire.

La seule donnée qui permet de mesurer l’ampleur du défi que représente la diplomation des élèves en difficulté a été publiée par le ministère en mai 2015. Dans un Bulletin statistique de l’éducation, on apprend que 47 % des EHDAA décrochent, soit près de trois fois plus que pour l’ensemble des élèves.

 

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