21.04.2016 - Voyage au bout de la Nuit debout

Le journaliste irlandais Gearoid O’Colmain s’est rendu place de la République à Paris pour y voir le mouvement « Nuit Debout ». À sa grande déception, ce que l’on présente comme une prise de parole citoyenne n’était qu’un rassemblement gauchiste. Ici, loin de voir dans le capitalisme « le stade suprême de l’impérialisme », on déplore les mensonges d’un grand patron, mais on ignore la financiarisation de l’économie et l’on célèbre les coups d’État maquillés du « printemps arabe ».

Dans son roman Voyage au Bout de la Nuit, Louis-Ferdinand Céline décrivait de manière provocante les soldats qui sont morts durant la Première Guerre mondiale comme des « idiots ». L’écrivain français faisait référence au fait que ces soldats avaient donné leur vie pour une cause qui n’était pas la leur — le massacre futile des pauvres pour le bénéfice des riches. Au long des nombreuses et pertinentes réflexions du livre sur la condition humaine, Céline note combien, dans la modernité, la rue en est venue à constituer le lieu des rêves. « Que fait-on dans la rue, le plus souvent ? On rêve. C’est un des lieux les plus méditatifs de notre époque, c’est notre sanctuaire moderne, la rue ».

Depuis que le gouvernement français a récemment introduit une législation réformant le droit du travail, un nouveau mouvement social « spontané » et sans leadership a pris racine à travers les villes de France — le mouvement Nuit Debout. Comme le suggère son titre, ce mouvement social se déroule pendant la nuit, et l’un de ses slogans est « Rêve Général ! » — un jeu de mots sur le terme « grève générale ». Donc, plutôt que d’appeler à une grève générale afin d’amener le gouvernement à genoux, les activistes appellent à rêver dans les rues !

Le mouvement a pris son envol après la sortie le 23 février du film du journaliste François Ruffin Merci Patron !, un film qui critique la ploutocratie française.

Bien que le film fasse la critique de l’avarice du capitalisme contemporain, il ne traite pas de la relation entre le capitalisme monopolistique, les guerres étrangères de conquête au service de l’accumulation de capital, la lutte des classes et la désinformation médiatique massive.

Le film de Ruffin n’expose pas non plus la complicité de toutes les officines médiatiques françaises dans des crimes de guerre et de génocide au Moyen-Orient et à travers l’Afrique, par la dissémination de mensonges et de désinformation sur le rôle de l’impérialisme occidental dans ces conflits. Il n’y a pas d’évocation du fait que la raison pour laquelle le président de Côte d’Ivoire Laurent Gbagbo s’était fait kidnapper par les forces spéciales françaises en 2010 — son pays bombardé et son image démolie — tenait au fait qu’il avait défié le puissant Club de Paris, le cercle de banquiers français qui contrôlent l’argent de la néo-colonie africaine ; Gbagbo avait proposé que la Côte d’Ivoire imprime son propre argent — un geste courageux qui aurait permis à ce pays riche en ressources de construire sa propre base industrielle, indépendamment d’intérêts coloniaux.

Malgré le fait qu’il se trouve un stand sur la Place de la République affirmant exposer le rôle nuisible de la politique française en Afrique, il n’y a pas de réelles informations sur ce qu’est ce rôle, et aucun des intellectuels pan-africanistes ayant écrit sur le sujet n’a été invité à s’exprimer et à vendre ses livres. Le mouvement Nuit Debout est majoritairement blanc, et de la classe moyenne.

Le film de Ruffin échoue également à démontrer comment les patrons français des industries céréalières ont fricoté avec le terrorisme contre le peuple de Libye quand ils ont secrètement rencontré des traîtres libyens à Paris en novembre 2010, afin d’organiser le bombardement et la destruction du pays le plus riche et le plus démocratique d’Afrique.

 

Lire la suite sur Réseau Voltaire

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir