15.04.2016 - Big Pharmas : la création de valeur par la valorisation boursière "ne pourra pas durer éternellement"

Les mesures du Trésor américain, qui ont fait échouer la fusion Pfizer-Allergan, devraient décourager les laboratoires pharmaceutiques américains dans leurs tentatives de délocaliser leur siège social dans un pays où la taxation est plus faible qu'aux États-Unis. Les industries du médicament vont devoir se refocaliser sur l'innovation pour créer de la vraie valeur, selon Elsy Boglioli, directrice associée au Boston Consulting Group, spécialiste des problématiques de transformation, de croissance et de diversification des activités dans l’industrie pharmaceutique. Entretien.

LA TRIBUNE - Quelles sont les conséquences des mesures prises par le Trésor américain pour lutter contre "l'inversion fiscale" [fusion avec une entreprise à l'étranger pour y relocaliser son siège social et ne pas payer les impôts américains sur les sociétés, Ndlr] pour la stratégie des big pharmas ?

ELSY BOGLIOLI - Ce sont des mesures choc pour le secteur de l'industrie pharmaceutique. Cela donne le sentiment que les transactions permettant l'inversion fiscale font réagir l'Etat américain très fortement. Les mesures du Trésor rendent ces transactions caduques. Il est probable qu'elles signent la fin de l'ère des tentatives d'inversion fiscale.

Cela ne redessine pas les contours de l'industrie pharmaceutique pour autant, si ce n'est que nous ne verrons pas l'émergence d'un nouveau géant du médicament.

Les autorités américaines envoient également un autre message aux laboratoires pharmaceutiques: s'ils veulent créer de la valeur, il ne faudra pas chercher celle-ci dans des montages fiscaux, mais plutôt dans des résultats tangibles, notamment pour les patients.

La stratégie des big pharmas ne va donc pas dans le bon sens, ces dernières années?

Les dernières années ont été bénéfiques pour l'industrie. La falaise des brevets de 2008-2009 a été suivie d'une période de revalorisation du secteur entre 2010 et 2014. Durant ces années, énormément de valeur a été créée pour les actionnaires, par des versements de dividendes et au travers de l'appréciation des actions.

Quelle que soit l'industrie, la valeur est en général créée par trois leviers qui sont la revalorisation de l'action, les dividendes reversés aux actionnaires et la croissance rentable (amélioration des performances financières de l'entreprise). Normalement, cette croissance rentable est le premier levier de création de valeur. A titre d'exemple, sur les dix dernières années, toutes industries confondues, 70% de la création de valeur provient de la croissance des entreprises.

Au sein de l'industrie pharmaceutique, cela a été l'inverse, ces dernières années. C'est relativement unique. Il n'y a pas eu de croissance, mais beaucoup de valeur a été créée au travers de la valorisation des capitalisations boursières. Cela traduit un regain de confiance dans le secteur, et c'est une excellente nouvelle pour les industriels... Mais cela ne pourra pas durer éternellement.

Que doit faire l'industrie pharmaceutique pour rester viable ?

Aujourd'hui, les grands acteurs de l'industrie pharmaceutique doivent se concentrer sur l'innovation et le lancement de nouveaux produits. L'échec d'une stratégie de fusion purement financière est l'un des symptômes de ce besoin de recherche de vraie valeur, de croissance.

 

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