09.04.2016 - Les déficits du gouvernement fédéral ne stimuleront pas l’économie canadienne

Plusieurs économistes de Bay Street recommandent au gouvernement fédéral de délier encore plus les cordons de sa bourse et faire des déficits plus importants qu’annoncé lors de la campagne électorale dans le but de « stimuler » l’économie canadienne. Cette vision court-termiste ne prend toutefois pas en compte plusieurs éléments importants.

Comment stimuler l’économie

En premier lieu, la théorie macroéconomique keynésienne sur laquelle ces économistes fondent leurs recommandations suggère de relancer l’économie par la dépense publique uniquement en période de récession. Or, le Canada n’est pas en récession, ne l’a pas été en 2015 et, selon les plus récentes prévisions de la Banque du Canada, ne le sera pas en 2016, et ce, indépendamment de la taille du déficit fédéral. En fait, l’économie devrait connaître une croissance faible, mais qui ira en s’accélérant(1).

En second lieu, même si l’on devait connaître un repli économique, il n’est pas évident que davantage de dépense publique serait la solution. De nombreux économistes nobélisés croient que même en période de récession, l’État ne peut pas relancer l’économie en augmentant substantiellement ses dépenses de façon à créer un large déficit(2).

Après la crise financière de 2008, ce sont en fait les pays de l’OCDE qui ont à la fois réduit leurs dépenses publiques et leurs revenus qui ont réussi à obtenir la croissance annuelle moyenne la plus élevée. À l’inverse, les pays qui ont choisi d’augmenter à la fois leurs dépenses et leur fardeau fiscal ont connu une croissance très faible et même un recul économique si on inclut à ce calcul la Grèce(3).

L’économiste Valerie A. Ramey de l’Université de Californie à San Diego a recensé les recherches récentes sur cette question. Elle montre qu’une augmentation de la dépense publique ne stimule pas la dépense privée et a même pour effet de la réduire de façon importante dans la plupart des cas(4). Selon Ramey, la dépense publique ne peut que créer des emplois dans le secteur public et aucun emploi durable dans le secteur privé.

De la même façon, la recherche récemment publiée par António Afonso et João Tovar Jalles, respectivement de la Banque centrale européenne et de l’OCDE, révèle que lorsque l’État concurrence moins l’économie privée pour recruter les travailleurs et pour utiliser du capital, l’investissement privé prend le relai(5). À court terme, les réductions de dépenses publiques ont un effet négatif modeste sur l’activité économique, puisqu’il y a un court délai avant que la dépense privée prenne le relais de la dépense publique(6). À plus long terme, les effets positifs sur la croissance économique dominent cependant très largement.

C’est aussi ce que l’économiste Alberto Alesina de Harvard et deux de ses collègues ont observé en analysant l’évolution des budgets fédéraux au Canada de 1984 à 1997 et en isolant les effets sur la croissance économique d’une réduction des dépenses publiques en proportion du PIB au cours des quatre années qui ont suivi(7) (voir Figure 1).

 

Lire la suite sur Institut économique de Montréal

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir