01.04.2016 - Un parcours sinueux

L’unanimité du concert de louanges qu’a provoqué la mort tragique de Jean Lapierre ne lui ressemble pas. Il aurait été le premier à y mettre quelques bémols.

Malgré le choc causé par cet épouvantable drame et le caractère indéniablement attachant de l’homme, le sens critique qu’il se faisait un devoir d’exercer dans ses commentaires sur la classe politique doit aussi prévaloir dans l’examen de son parcours sinueux, qu’on pourrait facilement prendre pour de l’opportunisme.

J’ai rencontré le jeune député libéral de Shefford pour la première fois sur une plage de la baie des Chaleurs durant l’été 1979, alors que Le Soleil m’avait affecté à la couverture d’un colloque camping des jeunes libéraux fédéraux, organisé par son collègue de Bonaventure–Îles-de-la-Madeleine, Rémi Bujold.

Cet été-là, l’avenir politique du Québec semblait bien incertain. Après la défaite libérale de mai 1979, Pierre Elliott Trudeau avait annoncé son départ, mais il n’avait pas encore été remplacé. On ne connaissait pas la date du référendum que projetait le gouvernement Lévesque, mais cela ne pouvait pas tarder beaucoup et le gouvernement conservateur minoritaire de Joe Clark ne comptait que deux députés au Québec. Sa chute inopinée en décembre de la même année et le retour inattendu de Trudeau allaient bouleverser le cours des choses.

Au coin du feu, Lapierre avait l’âme nationaliste, mais il n’a pas protesté l’année suivante contre les fausses promesses faites par Trudeau durant la campagne référendaire ni contre la « nuit des longs couteaux » et le rapatriement unilatéral de la Constitution. Des 74 députés libéraux du Québec à la Chambre des communes, Louis Duclos (Montmorency) a été le seul à oser voter contre le rapatriement, au risque de compromettre sa carrière.

Certes, Lapierre a appuyé l’accord du lac Meech en 1987, mais c’était aussi la position du chef du parti, John Turner. Les moutons noirs étaient plutôt ceux qui s’y opposaient, à l’instigation de Trudeau et de son principal homme de main, Jean Chrétien, alors réfugié sur Bay Street.

En 1990, il s’est dit trop fier pour s’associer à Chrétien. C’était tout à son honneur, mais après choisi le camp de Paul Martin lors de la course à la succession de Turner, son avenir paraissait bien sombre avec le nouveau chef.

 

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