Un des aspects très méconnus de la Loi Travail dite “El Khomri” est également son article 6 qui, dans un contexte très tendu en termes de revendications religieuses, pose les choses de façon à ce que cela devienne totalement inextricable dans les entreprises.
On ne peut pas vouloir laïciser l’ensemble de notre société et vouloir que les entreprises aient à gérer ces aspects, ou cela veut dire que la société dans son ensemble renonce à la laïcité.
Cette proposition de loi va poser infiniment plus de problèmes qu’elle ne va en résoudre ou en régler par un flou artistique assez surprenant.
Il n’y a pas 36 solutions : soit nous acceptons le fait religieux dans l’entreprise, soit nous le refusons sous toutes ses formes. Il n’y a que deux solutions et à mon sens une seule est capable d’assurer la concorde, à savoir que l’orientation religieuse est libre et censée relever de la vie privée et ne doit être imposée sous aucune forme.
Sortir de cette approche, c’est à moyen terme faire le jeu de la discorde et de la guerre de religion. C’est diviser au lieu d’unir sur ce qui rassemble.
C’est donc une dérive incompréhensible qui aura des répercussions évidentes sur la vie en entreprise.
Charles SANNAT
La mobilisation contre « loi Travail » continue, comme on a pu le voir avec les manifestations de jeudi 24 mars. Le seul objectif de cette mobilisation doit être le retrait total de cette loi et non des « amendements » qui ne changent en rien l’économie du texte. Les derniers chiffres des « demandeurs d’emploi », qui montrent une hausse importante, témoignent de ce que tout affaiblissement du droit du travail, qu’il soit le fait de gouvernements de « gôôôche » comme l’actuel, ou de futurs gouvernements de droite (et il faut enregistrer les déclarations d’un Alain Juppé ou d’un Hervé Mariton sur ce point), ne peut que conduire à une catastrophe sociale en France. Les entreprises, quand elles sont interrogées par l’INSEE, répondent que c’est un problème de demande et non d’offre qui les amène à réduire l’emploi[1]. Il faut mesurer ici tous les effets négatifs des politiques qui se disent « libérales », et qui ne sont, dans les faits, que la traduction en français de mesures réclamées par Bruxelles et l’Union européenne[2].
Cette mobilisation appelle cependant trois importantes précisions.
Le « travail » n’est pas une marchandise (mais la « force de travail » est bien l’objet d’un « marché »).
Cette loi postule que le « travail » serait un « service » comme un autre, que des personnes « offriraient » (les futurs salariés) tandis que d’autres (les entreprises) demanderaient ce même service. Ce discours, qui est le discours non seulement dominant dans les médias, mais aussi dans une partie du monde « universitaire », repose sur plusieurs contresens. Le premier est que les « salariés » n’offrent pas leur « travail » mais la disposition de leur force de travail (force physique ou mentale, et aujourd’hui souvent les deux). Il n’y a pas de « vente » du travail mais la location par le salarié de sa force de travail pour un temps donné. Et c’est pourquoi la question du « temps de travail » est centrale dans cette « location ». Il n’y aurait « vente » du travail que dans le cas de l’esclavage ! C’est dans ce type de situation que l’aliénation complète de la force de travail par rapport au travailleur serait en réalité réalisée. Il est symptomatique de l’imaginaire tant des patrons que de certains économistes qu’ils ne se rendent pas compte de cela.
Lire la suite sur Insolentiae