16.03.2016 - Retrait russe en Syrie : un succès tactique incapable de compenser un échec stratégique

(15/03/2016) L’annonce, par Vladimir Poutine, du retrait de “la plus grande part” de l’armée russe de Syrie est intervenue de manière tout aussi inattendue que l’intervention de la Russie dans le conflit, le 30 septembre dernier. Quoique rationnelle du point de vue russe, cette décision marque un nouvel échec stratégique pour la Russie que masque mal un succès tactique bien réel.

Les buts originels de l’intervention russe

Pour comprendre la décision de Vladimir Poutine de mettre un terme à l’engagement actif de l’armée russe dans la guerre en Syrie, il faut rappeler les quatre buts de cette intervention.

Le premier but, fondamental, visait à contraindre les USA d’intégrer la Russie dans les négociations au sujet de la situation au Moyen-Orient. Moscou entend inverser, autant que possible, les résultats de l’effondrement de l’Union Soviétique. La reconnaissance par les USA et la Chine de son statut de grande puissance est la pierre angulaire de sa politique étrangère.

Le second objectif consistait à maintenir l’ordre international de type westphalien basé sur le droit international et la souveraineté des états. La Russie considère que sa stabilité repose d’abord et avant tout sur la non-ingérence de puissances extérieures dans la vie des états. Non seulement pour ses alliés, mais aussi – voire surtout – parce qu’elle se sait vulnérable sur ce plan.

Le troisième but consistait à protéger les intérêts russes en Syrie, voire si possible à les accroître, contre la tentative manifeste de la part des acteurs régionaux ou internationaux de l’expulser de la région.

Le quatrième objectif visait à empêcher tout extension du radicalisme musulman vers le Caucase et l’Asie Centrale en combattant ce dernier en Syrie plutôt que sur le territoire de la Fédération de Russie.

En apparence, Poutine a atteint ses objectifs

Pour parvenir à atteindre ces buts, Vladimir Poutine a appuyé le gouvernement syrien et a soutenu les milices chiites soutenues par l’Iran, dont le Hezbollah libanais. Cependant, l’agenda russe différait fondamentalement de celui de Téhéran même si, conjoncturellement, les intérêts des deux pays convergent en Syrie et en Irak pour le maintien de l’unité politique de ces pays.

Vladimir Poutine, conformément à sa volonté de puissance, entendait faire de la Russie la force dominante capable d’imposer ses vues à l’Iran et à la Syrie, moyennant une assistance militaire.

Moscou cependant n’entendait pas nouer une alliance globale avec l’Iran – qui reposerait ici sur un rapport d’égal à égal – mais sur une vassalisation consentie. La Russie entendant par là s’imposer dans tout règlement négocié, contre la volonté américaine d’isoler et de marginaliser la Russie.

Aussi, pour Poutine, l’acceptation par la Maison Blanche de pourparlers de paix signifie effectivement que l’objectif qu’il s’était donné est atteint. Les USA ont accepté d’entrer dans le cadre de négociations internationales sous l’égide des Nations-Unies.

Par ailleurs la présence russe n’est plus menacée en Syrie dans l’immédiat. Elle s’est même étendue à l’Irak et à la Jordanie.

Enfin, le gouvernement légal de Syrie est sauvé de l’effondrement dans l’immédiat et l’État Islamique comme les groupes djihadistes sont contenus.

Compte tenu des moyens, très limités, engagés par la Russie, les résultats sont excellents et le président russe a nouvelle fois démontré qu’il est un stratège efficace.

 

Lire la suite sur Breiz Atao

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir