13.03.2016 - Le déterminisme des élites pour la piétaille

Le déterminisme des élites pour la piétaille – Les États-Unis sont à la tête d’un mouvement éducatif, le common core, censé améliorer l’apprentissage des élèves à travers des méthodes révolutionnaires initiées par la fondation Bill Gates[1]

Pourtant cette invention n’est diffusée que dans les écoles publiques américaines, et surtout pas dans celles qui accueillent la progéniture des élites du Club qui eux se réservent des écoles privées. Ce particularisme était jusqu’à présent visible dans les grandes universités (Ivy league), désormais, il semble qu’ils aient décidé de stériliser les intelligences dès la petite enfance : nous assistons à la mise en place d’une école à deux vitesses, dès la maternelle, dans un souci de cloisonnement des classes. Il apparaît que la richesse indécente, accaparée par ces chantres de la fortune rapide, nécessite d’être pérennisée par l’abaissement des autres, plus que l’élévation de leurs rejetons ; ils ne doivent pas avoir confiance dans leur patrimoine génétique ni dans les avantages éducatifs qu’ils peuvent offrir au futur « fils de… » (d’eux).


Pourquoi le Common core ?

Des études auraient révélé que la majorité des jeunes américains n’avait pas le niveau requis pour entrer dans les universités (comme en France d’ailleurs) ou n’était pas en mesure d’intégrer le monde du travail. C’est pourquoi l’establishment, officiellement, aurait pris l’initiative de mettre en forme un nouveau programme, un genre de socle commun à l’européenne, afin d’aider les élèves à rattraper leur retard ou tout du moins pour éviter d’en accumuler. La majorité des états a donc intégré, depuis 2010, ce common core au sein de leurs écoles (de la maternelle au lycée) ; seuls quelques états en désaccord avec cette nouvelle politique ne l’ont pas mis à l’ordre du jour.

 

Qu’en est-il réellement ?

Afin de mettre tous les étudiants sur le même pied d’égalité avant d’entrer à l’université, nos chers amis américains ont lancé « the common core state standard initiative » (« programme de base commun aux États américains »), ces nouvelles normes éducatives et pédagogiques sont devenues les principes de base pour les enseignants américains, illégitimes d’un point de vue scientifique. Cela rappelle, de sinistre mémoire, la mise en place des mathématiques modernes au début des années 70, et ses désastres[2]. Des chercheurs, aidés de la fondation Bill Gates, ont mis au point un système standard qui n’a pas eu de réels tests scientifiques, ni recul nécessaire mais qui dans son utilisation quotidienne, alerte certains parents et enseignants : ces derniers constatant que les enfants se perdent dans ses nouveaux repères didactiques[3]. En effet, sans périodes-tests (classes témoins), les états ont pris le risque de choisir des enseignements qui déjà, à court terme, sont des freins pour que les enfants aient un développement cognitif adapté à chaque période de sa scolarité, de la maternelle au lycée. De plus, dans les innovations imposées par le common core plusieurs interrogations agitent le monde scientifique pédagogique :

  • Les nouveaux programmes imposent des livres et des formations qui vont de pair avec les nouvelles prérogatives pédagogiques. De ce fait, la création de ce besoin, inutile diront certains, s’accompagne d’une campagne d’achat de nouveaux matériels avec, derrière les créateurs de logiciels et les lobbies informatiques, Bill Gates en tête. Certains se gargarisent que « la Bill et Melinda Gates Foundation, annonce qu’elle va réaliser 24 cours complets pour les maths et l’anglais couvrant chacun 150 journées d’études conformes aux nouveaux « programmes communs » (Common Core) en cours d’élaboration »[4]. Il faut noter le cynisme de ce genre de montage, quand on sait qu’aux États-Unis, les dons sont entièrement défiscalisés et que d’un autre côté, ils servent à créer des profits considérables pour la société du généreux Bill Gates. Les industriels en profitent pour s’engouffrer dans ce vide initié par la fondation philanthropique de M. Microsoft : « Des industriels prêts à miser sur les marchés de l’analyse des données ou des évaluations d’enseignants comme Rupert Murdoch de News Corp qui a investi 360 millions de dollars dans Wireless Generation, lorgnant sur un marché global qu’il estime à 500 milliards de dollars pour les seuls États-Unis »[5]. C’est avec un étonnement forcément mesuré que nous retrouvons, dans cette déconstruction du système éducatif américain, les acteurs d’une mondialisation avide. Ce libéralisme outrancier montre définitivement que l’école n’est qu’un instrument de plus aux mains du complexe industriel qui impose, dès le plus jeune âge, une forme de déterminisme économique et social (fatalité de classe) grâce au lobbying que le gouvernement leur a laissé introniser comme nouvelle norme : lobotomisation intellectuelle sauvage sur des enfants encore innocents. D’ailleurs, un chercheur du nom d’Alain Chaptal a nommé cette nouvelle politique éducative « l’édu-industriel »…


Lire la suite sur Agence Info Libre, depuis Agoravox

Ajouter un Commentaire

Veuillez noter que votre commentaire n'apparaîtra qu'après avoir été validé par un administrateur du site. Attention : Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.


Code de sécurité
Rafraîchir