11.03.2016 - Huit mars: la femme contre la mère ?

La révolution féministe s'est borné à réclamer l'égalité des droits entre salariés des deux sexes. C'est oublier que les jeunes mères sont aujourd'hui montrées du doigt comme jadis les femmes émancipées. Vous appelez ça le progrès ?

« Vous avez eu un enfant pendant vos études. Nous ne sommes donc pas certains que vous ayez une réelle motivation pour votre carrière ». Remplacez « études » par « stage », « période d’essai », « premier emploi », « moment difficile pour la boîte » ou « mission ».  Nul ne doute de la fréquence de ce type de réaction, qui se vérifie aussi par son inverse : combien de femmes s’obligent à patienter pour devenir mère uniquement pour des raisons professionnelles, combien pleurent ensuite d’avoir trop attendu ? Sous la défroque des revendications pro-choix illustrées par les tatouages de si bon goût de la dernière campagne de communication du ministère de Mme Touraine, il semble que l’étau se resserre. La libération sexuelle nous l’avait promis : notre corps, enfin, nous appartient. Il faut croire cependant à entendre ces ayatollahs de la vie sans entraves qu’il n’y a qu’une seule façon d’être autonome. Et tandis que ce fameux choix n’acquiert de valeur substantielle que dans le refus de maternité, devenir mère semble a contrario nous rendre encore bien souvent suspecte de soumission.

Insistant sur la sexualité de la femme, le féminisme traditionnel a occulté que, plus que l’homme, nous vivons une relation intime entre sexualité et maternité. Que l’ambivalence entre la mère et l’amante exclue la pertinence des petits calculs égalitaristes, tel le partage arithmétique du congé parental de la loi Vallaud-Belkacem de 2014. Plus encore, nous refusons de supprimer cette ambivalence ; il nous faut vivre avec elle au risque d’être mutilée à jamais. Ni seulement mère, ni seulement femme, nous vivons cet entre-deux difficile et délicieux de jouer les équilibristes avec nos désirs. Il est pourtant indéniable que la position du funambule est en contradiction intrinsèque avec les nouvelles normes sociales. Pensez à votre carrière, mais surtout, pas d’enfant avant 40 ans. C’est Facebook qui l’a dit. Dans cette rhétorique du choix crucial, carrière ou enfant, perfection dans les deux, aucune place pour cette ambivalence constitutive.

Il y a encore quelques décennies, la vie de l’homme ordinaire était un arrachement permanent à sa famille au profit de son usine ou de son entreprise. Cette situation ressemble à s’y méprendre au prototype du modèle proposé actuellement aux femmes. Visiblement, la révolution féministe n’a pas dépassée l’année zéro. Si l’ambition féminine est pleinement légitime et fondamentalement nécessaire à la société, la révolution féministe, en prise avec ses propres contradictions s’est dissoute dans le corpus de valeur de la société capitaliste. Elle pousse aujourd’hui les jeunes femmes à devenir des hommes comme les autres, vouées à donner leurs vies à l’entreprise. À qui a profité le crime ?

 

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Commentaires   

 
0 #1 Mathieu Plourde Turcotte 11-03-2016 11:20
"Si l’ambition féminine est pleinement légitime et fondamentalemen t nécessaire à la société, la révolution féministe, en prise avec ses propres contradictions s’est dissoute dans le corpus de valeur de la société capitaliste. Elle pousse aujourd’hui les jeunes femmes à devenir des hommes comme les autres, vouées à donner leurs vies à l’entreprise. À qui a profité le crime ?"
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