11.03.2016 - Les Nord-Coréens sont-ils au fond plus heureux que nous ?

"Les gens sont convaincus que les Nord-Coréens ne sont pas libres, mais ne se questionnent jamais sur leur propre liberté."

Dans un documentaire intitulé "The Propaganda Game", le cinéaste Álvaro Longoria tente d'analyser le mécanisme de la propagande en Corée du Nord. Dirigé d'une main de fer par le leader communiste Kim Jong-un, c'est le pays le plus fermé sur lui-même et le plus militarisé au monde. "Nous ne payons pas d'impôts, nous ne payons pas nos maisons", explique une citoyenne dans la bande-annonce. "Nous ne connaissons pas vraiment la mentalité occidentale, ou comment notre pays est perçu dans le reste du globe."

Comment un régime aussi autoritaire est-t-il parvenu à manipuler les esprits de ses 25 millions d'habitants? "Le régime de Kim Jong-un formate ses citoyens dès leur naissance, avec des idées qui n'évoluent pas d'un iota. Ils soumettent les étrangers de passage au même discours, dans l'espoir qu'ils finiront par répandre la bonne parole dans leur pays d'origine. De son côté, l'Occident ne se prive pas d'évoquer ce pays sans avoir de données réelles, tant celui-ci est fermé aux influences extérieures", explique Álvaro Longoria au site Vice.

Il a suivi le quotidien d'Alejandro Cao, un Espagnol "adopté" par la Corée du Nord, qui est aujourd'hui chargé de gérer les relations culturelles avec les pays étrangers. "Ce type est l'exemple le plus extrême de l'Occidental devenu pro-Corée du Nord. Le plupart des gens ont tendance à se relâcher de temps à autre. Lui, jamais."

Sur place, le réalisateur a ressenti une sorte de syndrome de Stockholm. "Après 10 jours dans le pays, j'ai senti que je commençais à basculer. Comme je voulais continuer à tourner, j'étais obligé d'accepter leurs conditions. Il m'est arrivé d'aimer ce que je voyais. Imaginez : je n'ai passé que 10 jours là-bas et je me suis laissé avoir. Qui pourrait prétendre être capable de résister à un tel endoctrinement? La propagande est continue, brutale et n'est pas soumise à la critique, par définition."

Depuis qu'il est rentré, Álvaro Longoria s'interroge sur les notions de bonheur et de liberté. "D'un côté, vous avez les Nord-Coréens, qui ne savent pas que leur environnement est factice, mais qui croient fermement en la pérennité de leur système. De l'autre, vous avez les Occidentaux, qui essaient désespérément de maintenir leur niveau de vie. Qui sont les plus heureux? Les Nord-Coréens, parce qu'ils ne connaissent rien, ou les Occidentaux, qui en savent peut-être trop? Honnêtement, si j'étais pauvre, je préférerais vivre à Pyongyang qu'à New York", conclut-il.

 

Source : 7sur7

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