08.03.2016 - Pourquoi une société de décroissance est-elle souhaitable ?

Monnaies locales, jardins partagés, agriculture urbaine... Les initiatives de relocalisation anti-croissance se multiplient, au nom d'une abondance "frugale".

La croissance, poison mortel pour l'humanité  ? C'est le postulat des partisans de la décroissance, mobilisés aujourd'hui pour instaurer une nouvelle manière de vivre, où l'économie redeviendrait locale et potentiellement plus protectrice. Utopie ? Le mot « décroissance » est d'un usage récent dans le débat écologique, économique et social. Il a été utilisé à partir de 2002 comme un slogan provocateur pour dénoncer la mystification de l'idéologie du développement durable. Il désigne désormais un projet alternatif complexe, et qui possède une incontestable portée analytique et politique.

Fantasme

La croissance est un phénomène naturel et, comme tel, indiscutable. Le cycle biologique de la naissance, du développement, de la maturation, du déclin et de la mort du vivant et sa reproduction sont aussi la condition de la survie de l'espèce humaine, qui doit se métaboliser avec son environnement végétal et animal. Les hommes ont tout naturellement célébré les forces cosmiques qui assuraient leur bien-être sous la forme symbolique de la reconnaissance de cette interdépendance et de leur dette envers la nature à cet égard. Le problème surgit quand la distance entre le symbolique et le réel disparaît.

Alors que toutes les sociétés humaines ont voué un culte justifié à la croissance, seul l'Occident moderne en a fait sa religion. Le produit du capital, résultat d'une astuce ou d'une tromperie marchande, et le plus souvent d'une exploitation de la force des travailleurs, est assimilé au regain des plantes. L'organisme économique, c'est-à-dire l'organisation de la survie de la société, non plus en symbiose avec la nature, mais en l'exploitant sans pitié, doit croître indéfiniment, comme doit croître son fétiche, le capital. La reproduction du capital/économie fusionne la fécondité et le regain, le taux d'intérêt et le taux de croissance. Cette apothéose de l'économie/capital aboutit au fantasme d'immortalité de la société de consommation. C'est ainsi que nous vivons dans des sociétés de croissance.

Croître pour croître

La société de croissance peut être définie comme une société dominée par une économie de croissance et qui tend à s'y laisser absorber. La croissance pour la croissance devient ainsi l'objectif primordial, sinon le seul, de l'économie et de la vie. Il ne s'agit pas de croître pour satisfaire les besoins reconnus, ce qui serait une bonne chose, mais de croître pour croître. La société de consommation est l'aboutissement normal d'une société de croissance. Elle repose sur une triple illimitation : illimitation de la production, donc du prélèvement des ressources renouvelables et non renouvelables, illimitation dans la production des besoins, donc des produits superflus, illimitation dans la production des rejets, donc dans l'émission des déchets et de la pollution.

 

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