05.03.2016 - Dans la famille Trump, voici les fils, chasseurs d'animaux protégés

Note du Bonnet : nous ne sombrerons ni dans le gauchisme sentimentaliste, ni dans le Trump bashing primaire, ni encore dans l'angéliste lutte contre le port d'armes à feu. Ne faut-il pas cependant voir une contradiction entre tenir des discours pour une Amérique protectionniste et moins d'ingérence ... et s'arroger le droit, moyennant gros sous, de se livrer à des chasses sportives en Afrique ?

Les deux fils de Donald Trump, candidat pour la primaire Républicaine aux élections présidentielles américaine, s'enorgueillissent de leurs chasses à l'éléphant, au léopard et autres animaux sauvages.

IMAGE. Son goût pour les armes à feu, Donald Trump le porte en bandoulière. Le candidat américain à la primaire Républicaine s'était permis cette sortie après les attentats commis à Charlie Hebdo et au Bataclan : "Regardez Paris, avec les lois sur le port d'armes les plus restrictives du monde, personne n'avait d'armes sauf les méchants. On peut dire ce qu'on veut, s'ils avaient eu des armes, si nos gens étaient armés, s'ils avaient le droit de porter des armes, la situation aurait été très, très différente." Un goût visiblement légué à ses fils, Éric et Donald Junior, tous deux amateurs de tirs et notamment passionnés par la chasse aux trophées. Les militants des droits des animaux se sont d'ailleurs révoltés en 2012 lors de la parution d'une série de photographies prises au Zimbabwe où l'on peut voir les deux frères en train de poser fièrement auprès des cadavres d'un grand koudou (un bovidé africain), d'une civette, d'un waterbuck (une antilope), d'un crocodile, d'un buffle... et même d'un léopard et d'un éléphant ! Or, ces deux dernières espèces sont menacées de disparition.

L'hécatombe des "big five"

Avec l'ascension politique du père, les "exploits" des fils ressurgissent sur la toile, ramenant dans leur sillage le débat sur la possibilité de chasser légalement des animaux figurant sur la liste rouge des espèces menacées. Un débat qui était d'ailleurs vigoureusement réapparu lors de la mort de Cecil le lion en juillet 2015. Comment de tels permis de chasse aux animaux protégés peuvent-ils être octroyés ? En fait, le principe de la chasse aux trophées est de rapporter une partie du corps (le trophée) de l'animal que l'on a réussi à tuer (la plupart du temps avec une arme à feu ou une arbalète). Or le prestige est considéré comme plus grand lorsque l'animal en question est un grand mâle et s'il appartient - pour les safaris africains - au "big five". Il s'agit des cinq espèces typiquement africaines : le lion (Panthera leo), le léopard (Panthera pardus), le rhinocéros noir (Diceros bicornis), l'éléphant (Loxodonta africanaet le buffle (Syncerus caffer). Problème : seul le bovidé ne figure pas sur la liste des espèces menacées de disparition. Alors, pour satisfaire l'appétit des chasseurs, des quotas ont été établis dans certains pays africains autorisant quelques tirs sur des terrains privés, moyennant une forte compensation financière (plusieurs dizaines de milliers d'euros) destinée à la conservation des animaux dans les parcs nationaux (centre de soins, salaires des rangers,...). Sacrifier un individu pour sauvegarder l'espèce en somme.

CASCADE. Sauf que dans certains cas, la mort d'un grand mâle adulte peut entraîner celle d'autres individus de son espèce. C'est le cas chez le lion, comme l'explique le biologiste Léo Grasset dans son livre Le coup de la girafe : "Un lion peut monopoliser la reproduction de cinq ou six femelles. Il existe un remplacement permanent des mâles car les jeunes viennent constamment affronter les vieux pour pouvoir se reproduire (...) Cependant, les femelles ne sont pas réceptives sexuellement tant qu'elles doivent s'occuper de leurs petits et c'est pourquoi dès qu'un jeune mâle arrive à évincer un mâle d'un groupe, il tue tous les lionceaux dont il n'est pas le père". Tuer un lion mâle dominant revient donc à condamner les petits de son groupe. Un effet en cascade pervers et peu visible de la chasse aux trophées.


Source : Sciences & Avenir

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