26.02.2016 - La francisation ratée des immigrants : à qui profite l’omerta ?

Le Québec rate sa cible, étude publiée fin janvier par l’Institut de recherche en économie contemporaine, confirme que la francisation inadéquate des immigrants pousse Montréal et le Québec vers l’anglicisation.

Son auteur, Jean Ferretti, évalue les efforts en matière de francisation des immigrants adultes en s’appuyant entre autres sur des données inédites du Ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (MIDI). Les exemples d’incohérence et d’inefficacité qu’il soulève sont légion.

Certains chiffres frappent particulièrement fort. Au recensement de 2011, le Québec comptait 200 000 immigrants qui ne pouvaient soutenir une conversation en français. De ceux-là, 80 % ont affirmé savoir parler l’anglais. De toute évidence, pour bon nombre d’immigrants il n’est pas nécessaire de connaître le français. L’anglais leur suffit.

Lise Payette a qualifié la nouvelle de « douche froide parce qu’apparemment, personne ne l’a vue venir ». Elle faisait sans doute de l’humour.

Les signes d’une francisation inadéquate de la société québécoise et, par conséquent, de ses immigrants adultes s’accumulent depuis vingt ans. Il est vrai que depuis vingt ans aussi, nos gouvernements cultivent l’attentisme en dissimulant ces mêmes signes.

Dans L’assimilation linguistique, publié en 1994 par le Conseil de la langue française (CLF), j’ai montré que les mesures visant la francisation de la langue de travail n’avaient exercé aucun effet tangible sur la part du français dans l’assimilation des immigrants qui arrivaient au Québec à l’âge adulte. Ce qui revenait à dire qu’on n’avait pas réussi à franciser de façon significative les conditions de travail de nos immigrants.

Le CLF a beau avoir publié cela, on n’en trouve pas trace dans le bilan de la situation du français bricolé par l’appareil gouvernemental en 1996, sous l’œil torve de Lucien Bouchard. Dans Une analyse et un plan d’action inadéquats, mémoire présenté lors de la consultation subséquente sur le projet de loi 40 modifiant la loi 101, j’ai dénoncé également le maquillage de la stagnation de l’usage du français parmi les travailleurs francophones du secteur privé dans la région de Montréal au cours des années 1980, confirmée en 1995 dans une autre publication du CLF.

Ce premier bilan trafiqué n’a pas plu aux militants péquistes. Bouchard a voulu les amadouer en créant la Commission Larose. Dans mes chroniques parues dans l’aut’journal en 2000-2001 et réunies dans le recueil Larose n’est pas Larousse, j’insiste sur la langue de travail comme déterminant de la francisation des immigrants, et j’accuse la Commission Larose de pratiquer la pensée magique quant à la situation du français dans ce domaine crucial. Son rapport final se limite en effet à proclamer que « au Québec, la langue de travail est le français » et que « le français est maintenant devenu nécessaire pour tous les citoyens du Québec parce qu’il est [désormais] la langue de promotion sociale et économique ».

 

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