25.02.2016 - L’Ukraine sous ingérence du FMI sombre dans la récession

Qu’importe si les politiques du FMI disséminées partout sur la planète provoquent le chaos social comme en Grèce ou ailleurs, l’objectif reste le même : le renforcement du capital aux dépens des biens et services publics. L’institution tant redoutée pour s’être fortement impliquée dans la vague de privatisations désastreuses en Europe de l’Est lors de la transition post-communiste au début des années 1990 poursuit sa route en Ukraine. Dès le début de la crise, en novembre 2008, l’Ukraine figure parmi les premiers pays européens à tomber dans la nasse du FMI peu après l’Islande, la Géorgie et la Hongrie.

Suite à un puissant mouvement insurrectionnel aboutissant à la destitution du président ukrainien Viktor Ianoukovytch, le nouveau gouvernement transitoire mis en place le 27 février 2014, offre au FMI l’opportunité d’infliger une violente cure d’austérité au peuple ukrainien. Sans même attendre les élections, des négociations opaques avec ce gouvernement non élu aboutissent à l’adoption de politiques ultra libérales en échange d’un prêt du FMI. Pourtant rejeté en première lecture par les députés du Parlement ukrainien le 27 mars, ce programme impopulaire exigé par le FMI, est finalement adopté suite à de fébriles négociations. |1|

Pour l’actuel Premier ministre Arseni Iatseniouk, il n’existerait aucune alternative aux diktats du FMI. Déjà en octobre 2008, lorsqu’il était président du Parlement, Iatseniouk déclarait à propos du programme de l’institution internationale basée à Washington : « Nous n’avons pas le choix. Ce n’est pas une question de politique, c’est une question vitale pour l’activité du pays ». |2| Cinq ans et demi plus tard, en mars 2014, Arseni Iatseniouk, devenu Premier ministre du gouvernement transitoire, affirme à propos d’un imminent programme d’austérité du FMI : « Le gouvernement répondra à toutes les conditions fixées par le FMI, parce que nous n’avons pas d’autre choix. » |3| Avec le nouveau gouvernement de l’oligarque et milliardaire Petro Porochenko, investi président d’Ukraine en juin 2014 avec la promesse de mettre un terme à la guerre en trois mois, peu de changements sont à espérer puisqu’il maintient Arseni Iatseniouk dans ses fonctions de Premier ministre. L’Ukraine poursuit sa route sur le monorail libéral des politiques d’austérité dictées par le FMI. Quel qu’en soit le prix à payer, aucune autre option n’est valable aux yeux du pouvoir en place. Le fameux dogme de Margaret Thatcher, « There is no Alternative » (TINA), règne.

Pourtant, tous les indicateurs économiques du pays sous le joug de l’institution créancière virent au rouge. Le produit intérieur brut (PIB) accuse une chute de 6,8 % en 2014 (celui-ci est passé de 180 milliards de dollars en 2013 à 130 milliards en 2014). |4| En 2015, le PIB par habitant rejoint celui du Soudan, à près de 2 100 dollars (!). Le pays voit ses réserves en devises fondre de plus de moitié (-63 %) |5| en 2014 (elles passent sous le seuil des 10 milliards de dollars pour la première fois depuis dix ans) afin de soutenir la monnaie nationale, la hryvnia, qui a fortement chuté face au dollar, et financer huit mois de campagne contre les rebelles prorusses dans l’est industriel du pays qui a fait plus de 8000 morts en 18 mois.

La dette publique de l’État a plus que doublé en moins de 2 ans et est passée de 480 milliards de hryvnias (la monnaie nationale, UAH) au 31 décembre 2013 à 1 185 milliards le 30 avril 2015, soit une progression d’environ 19 à 47,5 milliards d’euros au taux de change de début novembre 2015. Tout indique que le pronostic de la Banque nationale qui prévoit que la dette souveraine atteigne 95 % du PIB à la fin 2015 soit dépassé. L’imposition des sociétés est allégée tandis que celle sur les personnes physiques augmente lourdement. Selon le FMI, 9 des 15 plus grandes banques ont besoin d’être recapitalisées, |6| ce qui sous-entend que le FMI plaiderait pour socialiser la dette privée des banques avec de l’argent frais des contribuables. Recette bien connue de nombreux autres peuples européens qui, bien conscients que cela se fait à leurs dépens, sont déjà laminés par de sévères politiques d’austérité.

 

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