22.02.2016 - Ivan Boubentchik, activiste du Maïdan : « Je les ai tués d’une balle dans la nuque, c’est vrai »

Les premiers tués du 20 février 2014, le jour où les contestataires se sont fait tirer dessus, n’étaient pas des activistes du Maïdan, mais membres de l’unité d’élite « Berkut ». C’est l’originaire de Lvov, Ivan Boubentchik qui a tiré sur eux. Le journaliste Ivan Siïak l’a rencontré pour recueillir son témoignage.

Il n’y a pas de date dans l’histoire contemporaine de l’Ukraine qui soit plus importante que le 20 février 2014. Ce jour-là, 48 activistes du Maïdan et 4 policiers ont été tués. Peu de temps après, le président Ianoukovytch a fui le pays et l’opération pour le rattachement de la Crimée à la Russie à démarré, la guerre dans le Donbass a été déclenchée ensuite. Dans un sens plus large, ce jour a conduit à la perte par l’Ukraine de 7% de son territoire et des milliers de vies de gens.

Tôt le matin du 20 février, il état impossible de prédire aucun de ses évènements. Après deux jours de combats acharnés, dans lesquels ont laissé leurs vies 31 manifestant et 8 combattants de forces de l’ordre, la police a réussi à réduire considérablement le territoire occupé par les contestataires et a pris des positions sur la place de Maïdan même. Seulement quelques centaines d’activistes à bout de souffle se trouvaient sur la place. Cela ne faisait plus aucun doute que le prochain assaut aura raison de la rébellion et les futurs manuels d’histoire l’appelleront « une émeute ».

«Ses actions tactiques précises ont mis en déroute les membres des forces de l’ordre en évitant ainsi la fin de la Révolution de l’ Dignité » – c’est ainsi que la Wikipédia ukrainienne décrit d’une façon très vague le rôle d’Ivan Boubentchik dans l’histoire. Pour la première fois il a parlé de ce qu’il a fait dans le film « Brantsi » (les Captifs). Le documentaire sera à l’affiche à partir du 25 février prochain. La veille de la première, Ivan Siïak a rencontré Boubentchik sur le Maïdan pour se rappeler comment les évènements se sont réellement déroulés.

— J’ai un rêve de créer une école de pêche pour les enfants. C’est ce que je faisais avant le Maïdan. Quand les étudiants manifestaient à Lvov contre Ianoukovytch, je suis venu les soutenir. Tout le monde disait qu’il fallait aller à Kiev et j’y suis allé. Difficile de dire pour les dates, mais c’était le premier jour. J’ai été sur le Maïdan dès le premier jour.

Au début, nous étions au pied de l’obélisque ‘NDT : monument à l’indépendance de l’Ukraine), nous défendions les étudiants. C’est après que les notions de « sotnia » (NDT : désigne en russe ou ukrainien une unité d’une centaine de personnes) sont apparues et j’ai intégré la 9e. Nous cantonnions rue Gontcharov dans le bâtiment de « Narodny Roukh » (NDT : «le Mouvement Populaire » en ukrainien) et chaque nuit, à onze heures et demie, nous venions garder le métro qui passe sous le Maïdan. Nous contrôlions toutes les sorties car les forces spéciales auraient pu les emprunter pour faire une diversion ou nous faire disperser tout simplement.

Je me rappelle que sur la rue Grouchevski se trouvaient les forces intérieurs et nous empêchaient de monter le long (pour atteindre le quartier gouvernemental). Nous sommes venus les voir avec une lettre disant que nous sommes des citoyens de l’Ukraine et que nous avons le droit de circuler librement sur notre terre. Nous leur avons dit que si le lendemain ils ne nous accordaient pas ce droit, nous passerions à l’assaut. C’est ce s’est passé. Le lendemain il y a eu des pierres et des cocktails Molotov.

 

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