19.02.2016 - Pourquoi le Venezuela multiplie le prix de l'essence par 60 ?

Le président Nicolas Maduro a annoncé une hausse spectaculaire du prix de l'essence pour faire face à la crise économique vénézuélienne. Une mesure également symbolique pour ce pays producteur de pétrole qui milite pour limiter la production mondiale d'or noir afin de relancer les cours.

Aucun gouvernement n'avait osé toucher au prix de l'essence depuis le milieu des années 90 dans ce pays pétrolier où le carburant était le moins cher du monde. Mais face à l'ampleur de la crise économique, le président du Venezuela Nicolas Maduro s'est résolu à augmenter considérablement les tarifs. "C'est une mesure nécessaire, je l'assume", a déclaré mercredi 17 février le chef de l’État lors d'une allocution de plusieurs heures.

Le prix de l'essence super 95 est passé à "6 bolivars", soit 0,6dollar le litre, contre 0,01 dollar avant. Le prix de l'autre type d'essence, celle à l'indice d'octane de 91 appelée "normale", passera à 1 bolivar (0,1 dollar). Cette hausse est de 1.328,5% pour le "normal" et de 6.085% pour le "super".

Cette mesure avait été reportée à plusieurs reprises par le président Maduro car c'est un sujet ultra sensible dans le pays. En 1989, l'annonce de la hausse des prix à la pompe par le gouvernement a provoqué des émeutes meurtrières, baptisées "Caracazo". "J'appelle à la paix et au respect de ces décisions nécessaires. L'heure est venue d'installer un système qui garantisse l'accès aux hydrocarbures à des prix justes", a jugé le président Maduro.

À la pompe mercredi soir, les automobilistes disaient comprendre cette mesure même s'ils redoutaient l'inflation qu'elle pourrait provoquer. Richard Rodriguez, responsable d'une coopérative à Caracas, a déjà fait ses comptes : "Avant, je faisais mon plein avec un bolivar (0,10 dollar), désormais, ça va m'en coûter 60 (6 dollars). Cela va nous obliger à augmenter nos tarifs", pronostique-t-il.

Le Venezuela, qui importe la quasi-totalité de ce qu'il consomme, contrôle la valeur de la monnaie nationale. Nicolas Maduro a également annoncé une réforme du complexe système de changes du pays (qui à compter de vendredi 19 comportera deux catégories au lieu de trois) et une hausse de 20% du salaire minimum (qui passera de 9.600 à 11.520 bolivars).

Mais pour l'économiste Asdrubal Oliveros, "une dévaluation ou une hausse des prix de l'essence ne sont pas des mesures qui sortiront le Venezuela de la crise. Il en faut bien plus". Depuis l'installation début janvier du Parlement, désormais contrôlé par l'opposition, les blocages institutionnels se multiplient au Venezuela.

Sur le plan international, le Venezuela s'est fait le porte-drapeau des pays producteurs de pétrole (membres de l'Opep ou non) qui souhaitent ralentir la production d'or noir pour relancer le prix du baril.

Mardi 16 février, Caracas s'est accordé avec l'Arabie saoudite, la Russie et le Qatar pour geler la production pétrolière afin de stabiliser les prix. Après les déclarations de l'Iran qui a apporté son soutien à cette décision de gel de la production pétrolière, les cours du pétrole ont nettement progressé mercredi.

Mais Nicolas Maduro a refusé de "crier victoire". Cette mesure devrait "impacter de manière positive les prix très bas du pétrole", mais il veut une solution plus durable. Le président vénézuélien souhaite une "nouvelle alliance" entre les pays membres de l'Opep et ceux qui n'appartiennent pas au cartel "pour repenser la façon dont nous produisons, accédons au marché et dont les prix sont fixés".

Un objectif déterminant, a-t-il reconnu, pour son pays qui tire 96% de ses devises du pétrole. Les revenus du Venezuela issus du pétrole sont passées de 42 milliards de dollars en 2013, à 12,5 en 2015, soit une chute de 70%, a ajouté Nicolas Maduro.

 

Source : Boursorama

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