18.02.2016 - Pourquoi Apple continue de s’endetter

Une trésorerie record mais un endettement qui progresse. C'est la situation paradoxale dans laquelle est engagée Apple. Dans des documents financiers adressés, mardi 16 février, aux autorités américaines, le groupe à la pomme a indiqué son intention d'émettre jusqu'à 12 milliards de dollars (10,8 milliards d'euros) d'obligations.

Ce n'est pas la première fois qu'il effectue ce type d'opération. Depuis 2013, il a ainsi récolté près de 80 milliards de dollars. Conséquence: sa dette, nulle il y a encore trois ans, s'élève désormais à 63 milliards de dollars.

 

RÉMUNÉRER LES ACTIONNAIRES

Ces émissions d'obligations s'inscrivent dans le cadre d'un vaste plan de rémunération des actionnaires, annoncé en avril 2013 pour satisfaire des investisseurs de plus en plus mécontents des performances de l'action de la société - son cours avait chuté de plus de 45% au cours des six mois précédents. Tim Cook, le directeur général d'Apple, avait alors promis de leur reverser 100 milliards de dollars. D'abord, en rétablissant le paiement d'un dividende, suspendu depuis des années, puis en rachetant ses propres actions.

En avril 2014, cet objectif avait été porté à 130 milliards de dollars. Puis à 200 milliards en avril 2015. Apple s'est depuis exécuté. Lors de son dernier exercice comptable, clos fin septembre, la firme de Cupertino a versé 11,6 milliards de dollars de dividendes à ses actionnaires, soit 22% de ses profits annuels. Elle a également acquis pour 36 milliards de dollars de ses propres actions - une opération qui permet de soutenir le cours boursier. Depuis 2013, Apple a ainsi redistribué 153 milliards à ses actionnaires.


CAPITAUX BLOQUÉS À L'ÉTRANGER

Dès le début, la firme a opté pour l'émission d'obligations afin de financer ces différentes opérations. A l'époque, sa trésorerie s'élevait pourtant à 145 milliards de dollars. Elle est aujourd'hui de 216 milliards, un niveau record. Mais quasiment l'intégralité de cette cagnotte est bloquée sur des comptes à l'étranger. Pour rapatrier ces capitaux, le groupe devrait payer jusqu'à 35% d'impôts. Soit plusieurs dizaines de milliards de dollars qu'il refuse de débourser, comme beaucoup d'autres multinationales américaines.

Les dirigeants d'Apple plaident pour une réforme fiscale. "Le code des impôts a été conçu pour l'ère industrielle, pas pour l'ère numérique, assurait en décembre M. Cook. Il aurait dû être changé il y a de nombreuses années. Il est plus que temps de le faire". Mais en l'absence de changements ou d’amnistie fiscale, l'entreprise doit poursuivre sa politique d'endettement. Fin décembre, elle ne disposait en effet plus que de 16 milliards de dollars sur ses comptes américains (soit 7% de sa trésorerie), contre 43 milliards il y a trois ans.


FAIBLES TAUX

Le recours aux obligations permet à Apple de financer en partie ses dividendes et ses rachats d'actions sans avoir à rapatrier sa trésorerie basée à l'étranger. Cela est d'autant plus intéressant que les taux d'intérêts sont actuellement très faibles. En avril 2013, lors de la première émission, le taux à dix ans n'avait été fixé qu'à 2,415%. Pour la prochaine émission, il sera de 3,276%. La société à la pomme n'est pas le seule à profiter de ce contexte favorable. Fin janvier, ses dirigeants ont expliqué qu'ils seraient encore très "actifs" cette année.

De fait, les analystes financiers anticipent l'annonce de rachats d'actions supplémentaires lors de la publication des résultats trimestriels fin avril. Pour les financer, Apple devra très certainement procéder à de nouvelles émissions d'obligations. L'agence de notation Moody's estime ainsi que la dette de la société pourrait dépasser les 100 milliards de dollars d'ici la fin de l'année 2017. Un niveau élevé, prévient-elle, qui pourrait alors entraîner une révision à la baisse de la note d'Apple, actuellement fixée à Aa1.

 

Source : Le Monde

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