14.02.2016 - Petit voyage en Trumpmania

Donald Trump est devenu la tête de Turc de l’Occident. Ses partisans sont décrits comme des « angry white men » peu éduqués, racistes et idiots. La veille de la primaire au New Hampshire, je suis allé au rassemblement de Donald Trump à Manchester. Le Verizon Center était presque plein et la foule était estimée à 3500 personnes. Je voulais savoir ce qui menait tant de gens à ce rassemblement. Je leur ai donc parlé.

Contrairement au cliché de partisans vieux et peu instruits, il y avait des gens de tous les âges, surtout des travailleurs. Si l’on peut résumer leurs propos en un mot, ce serait : « différent ». Trump n’est pas un politicien et n’est soumis à aucun lobby. La déclaration ayant fait le plus réagir durant le discours fut : « Je connais la plupart des lobbyistes d’entreprise et ils m’en veulent parce que je leur ai dit que je n’étais pas en politique pour eux, mais pour travailler pour ces gens-là », a-t-il dit en pointant du doigt la foule.

Selon ses partisans, il mettrait le doigt sur de nombreux bobos, comme l’immigration illégale et la désindustrialisation. Les solutions qu’il apporte, comme construire un mur entre le Mexique et les États-Unis ou taxer les produits d’entreprises américaines déménagées en Chine, ont beaucoup de sens aux yeux des spectateurs fébriles. Beaucoup me disent avoir de petites entreprises ou avoir perdu leur emploi après une vingtaine d’années dans la même compagnie. Ils ne croient plus au système. Ce ne sont pas de pauvres personnes se faisant manipuler, ils savent très bien ce qu’ils font et pourquoi ils votent. Je remarque entre-temps qu’il n’y a pas de symbole du Parti républicain dans la salle. Un message nous informe que des manifestants se trouvent dans la salle et que si l’un d’eux se met à protester, les gens ne doivent pas le toucher et laisser la police le sortir.

Bien qu’arrivé une quarantaine de minutes en retard, Trump entre avec Revolution des Beatles devant une foule gonflée à bloc. J’ai assisté à de nombreuses réunions politiques et je dois dire que celle-là n’est pas comme les autres. Il s’en dégage un sentiment de détermination, de collectif et de patriotisme à faire trembler. Le thème musical et les spectateurs me font croire que je suis réellement dans une assemblée d’individus prêts à faire la révolution. Lors de son discours, Trump pointe les médias en disant : « Voyez ces médias : ils rient de moi et ils rient de vous. »

Les journalistes sont hués et insultés. Qui sait ce qu’il serait arrivé s’il n’y avait pas eu de sécurité ? À la fin de son discours, « le Donald » quitte la scène sous la même chanson que lors de son entrée et la foule converge pour le voir de près et le photographier. Plus j’y pense, plus j’arrive à la conclusion que si Donald Trump est populaire, c’est parce qu’il incarne ce que tant de gens rêvent d’être.

 

Source : Le Devoir

 

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