14.02.2016 - Banques italiennes : après le massacre, les réformes ?

ANALYSE En quarante jours, le secteur bancaire italien a perdu 35 milliards d’euros de capitalisation boursière. Trop endetté, trop ­fragmenté, mal dirigé, il est devenu la bête noire des marchés. Une crise de laquelle ­pourrait naître, enfin, les réformes ­attendues.

La débâcle. Les quarante premiers jours de l’année 2016 ont été scandés par le bulletin quotidien de la Bourse de Milan faisant le compte des pertes essuyées par les banques. 27,3 % pour l’indice sectoriel européen Euro Stoxx Banks, tandis que le FTSE Italia Banche laissait sur le terrain 39%. 35 milliards d’euros de capitalisation brûlés, Intesa San Paolo et UniCredit reculant respectivement de 24 et 37 %, MPS perdant 58%, Banca Carige 51%, Ubi Banca 40%.

Sur les 121 milliards d’euros de capitalisation boursière de l’ensemble du secteur bancaire italien fin 2015, seuls 86 milliards ont survécu. « La grande peur » titrait la presse italienne pour parler de la tempête qui s’est abattue sur Piazza Affari. Si l’affolement des marchés est excessif, de sérieux motifs d’inquiétude ne manquent pas.

Créances douteuses

Les créances douteuses d’abord, qui grèvent les bilans des banques à hauteur de 18% environ. 200 milliards d’euros qui se sont accumulés au fil d’une récession qui a durement frappé l’Italie faisant chuter le PIB de 10% et faisant exploser les créances non recouvrées auprès des PME-PMI de 10% en 2009 à 28% aujourd’hui.

Pas de quoi s’inquiéter outre mesure pour les autorités italiennes. «  Notre système bancaire est solide, les banques bien capitalisées et le taux de couvertures des “non-performing loans”, qui ne représentent que 88 milliards d’euros net, est l’un des plus hauts d’Europe avec un stock élevé de garanties réelles, principalement immobilières. »

Le mantra répété à l’unisson par le ministre de l’Économie et le gouverneur de la Banque d’Italie ne convainc pas. Pas plus que n’a convaincu l’accord a minima trouvé avec Bruxelles sur une « bad bank ». Des mois de négociations pour une série de mesures complexes, tant sur leurs fonctionnements que sur leurs calendriers, qui ne s’apparentent en rien aux structures de défaisance efficaces mises en place en Espagne et en Irlande, avant que les aides publiques ne deviennent taboues pour la Commission européenne.

Fragmentation

Trop et mal endetté, le système bancaire italien est surtout trop fragmenté. Il n’est composé que de deux poids lourds, Intesa San Paolo et UniCredit, pour 700 établissements de taille moyenne dont près de 370 banques de crédit coopératives. La péninsule compte ainsi plus de 60 agences pour 100.000 personnes, contre deux fois moins aux Royaume-Uni. Le gouvernement Renzi a ainsi lancé cette année la réforme des banques coopératives de crédit (BCC) pour y remédier. Elles se rapprocheront sous l’égide d’une banque mère pour constituer le troisième groupe du pays avec une dotation de 20 milliards d’euros.


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