Le MTQ utilise à d’autres fins l’argent de la lutte aux changements climatiques
Le ministère des Transports utilise l’argent du Fonds vert pour maintenir à flot l’enveloppe servant à rembourser les dettes d’investissements routiers, selon des documents confidentiels obtenus par Le Journal.
D’année en année, le MTQ reçoit plus d’argent du marché du carbone qu’il n’en dépense dans le plan d’action sur les changements climatiques. D’ici 2020, il prévoit accumuler plus de 600 millions $ dans ses coffres grâce à ce sous-investissement dans les transports collectifs. Ces sommes proviennent du tarif sur le carbone qui gonfle la facture d’essence des automobilistes québécois.
Cette manne est une bénédiction pour le MTQ: les intérêts de la dette contractée pour entretenir le réseau routier explosent. Ils passent de 1 milliard en 2010 à 2,7 milliards $ en 2020. Sans ce coussin issu du Fonds vert, le Fonds des réseaux de transport terrestre se retrouverait en déficit à partir de 2018.
Prétentions du gouvernement
Pourtant, le portail du Fonds vert stipule que «les revenus provenant du marché du carbone et de la redevance sur les carburants et combustibles fossiles sont utilisés à 100 % pour le financement de mesures de lutte contre les changements climatiques».
La situation choque des experts consultés par Le Journal. «Si le MTQ manque d’idées, qu’il organise un brainstorming collectif! Les investissements prévus ne sont pas assez importants», soutient Christopher Barrington-Leigh, professeur d’économie à l’Université McGill.
« Scandaleux »
Pour Pierre-Olivier Pineau, expert de la question énergétique à HEC Montréal, il est inacceptable que le MTQ se fasse un coussin financier avec les millions du Fonds vert.
«C’est scandaleux: toutes les sociétés de transports réclament de meilleurs investissements, on sait qu’il faut l’augmenter et ça dort. C’est juste inadmissible», estime M. Pineau.
Au MTQ, on jure que ces millions ne sont pas perdus. «Il n’y a rien qui se perd. Le surplus est conservé. Ça reste là pour les années futures», a-t-on indiqué au Journal. Le MTQ ne veut pas davantage commenter ce document puisqu’il s’agit de «prévisions financières».
Source : Journal de Montréal