09.02.2016 - Il faut rompre avec Tina

Contrairement à l’habitude, les questions de santé mentale ont été très médiatisées ces derniers jours. Ceci surtout en raison de grandes entreprises comme Bell et Morneau Shepell qui ont respectivement lancé des campagnes et projets de recherche leur permettant de se positionner comme des acteurs importants dans le domaine. Cette tendance à la corporatisation de la santé mentale s’inscrit dans une vision néolibérale qui nie l’existence d’alternatives aptes à solutionner les problèmes humains en dehors de la logique de marché.

Le quart de la population canadienne étant aux prises avec des problèmes de santé mentale au travail[1], il n’est pas étonnant que des grandes entreprises tentent de réagir face à un tel enjeu.  Ce qui surprend et mérite réflexion, c’est la persistance de la volonté de résoudre le problème avec les mêmes modes de pensées qui l’ont créé. Dans un avis publié en 2012, le Regroupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ) déplorait le fait que : « le contexte social et culturel néolibéral qui valorise la réussite et l’enrichissement individuels, la concurrence et l’efficacité, le conformisme idéologique… jouent un rôle central dans le traitement de la symptomatologie des troubles mentaux »[2].

Or, c’est précisément ce même contexte priorisant une productivité croissante et une gouvernance entrepreneuriale applicable à toutes les sphères de la vie en société qui est mis en cause dans les cas de détresse psychologique au travail[3]. Mettant l’accent sur une inaptitude individuelle qui serait purement médicale, la corporatisation de la santé mentale occulte la question des conditions de travail et procède à une psychologisation des rapports de force inéquitables en société.

Votre supérieur hiérarchique vous fait la vie dure? Il ne faut pas en chercher la cause dans les politiques de rationalisation adoptées par la haute direction qui l’incite à faire pression sur vous. Votre boss a une personnalité de type narcissique, voilà tout.  Le matin lorsque vous arrivez au bureau après avoir déposé votre enfant à la garderie vous avez envie de vous enfermer dans les toilettes pour pleurer? Cela n’a rien à voir avec l’augmentation des frais de garde ou l’absence de programme de conciliation travail-famille dans votre entreprise. Vous avez simplement une fragilité émotionnelle et le programme d’aide aux employés est là pour vous appuyer dans vos efforts d’adaptation. Vous l’aurez compris, la corporatisation de la santé mentale se focalise sur ce qui ne va pas chez le travailleur, car elle part de la prémisse que rien ne cloche avec le travail.

 

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Commentaires   

 
0 #2 Mathieu Plourde Turcotte 09-02-2016 12:25
L'humanisme c'est tout tourne autour de l'homme. C'est toujours la faute de l'individu. Le collectif n'a aucun rôle. Pense à toi avant de penser aux autres, me disent des amis qui voient bien que ma carrière ne décolle pas. Bien voilà, en pensant toujours à notre petite personne on en vient à faire régresser notre petite personne sans s'en rendre compte. Merci pour l'article
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0 #1 Mike Deschamps 09-02-2016 08:26
Le travail est deja une torture et une humiliation pour beaucoup de gens, donc ces entreprises travaillent à aider les employés à se sentir mieux dans leur servitude.
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