09.02.2016 - L’intervention des É-U en Libye a fait un tel carton qu’un nouvel épisode est en préparation, par Glenn Greenwald

Glenn Greenwald

Le 27 janvier 2016

Au lendemain des bombardements de l’OTAN sur la Libye, l’heure était à la jubilation. De la même manière que les partisans de la guerre d’Irak ont mis en avant la capture et la mort de Saddam Hussein comme preuve du succès de leur guerre, les partisans de la guerre en Libye se sont justifiés en mettant en avant la capture et la mort brutale de Mouammar Kadhafi.

Les défenseurs de la guerre tels que Anne-Marie Slaughter et Nicholas Kristof écrivaient des éditoriaux glorifiant leur prescience et se moquant des opposants à la guerre, discrédités selon eux, et le New York Times a publié un article en première page déclarant : « La tactique américaine en Libye pourrait être un modèle pour d’autres opérations. » De l’avis général, Hillary Clinton, l’une des grands défenseurs et architectes de la campagne de bombardements, serait alors vue comme une visionnaire en matière de politique étrangère pour ce grand succès libyen : « Nous sommes venus, nous avons vu, il mourut, » se vanta une Clinton aux allures de sociopathe à propos du viol et du meurtre collectifs de Kadhafi en s’esclaffant lors de l’émission 60 Minutes.

Pourquoi les sceptiques sur la question libyenne avaient tort sur toute la ligne

Depuis, la Libye – c’était tellement prévisible – s’est à peu près complètement effondrée, se noyant depuis des années dans l’instabilité, l’anarchie, le règne des milices fragmentées, les conflits sectaires et l’extrémisme violent. L’exécution de Saddam Hussein ne pouvait pas justifier cette guerre et n’était pas non plus le signe d’une amélioration de la vie des Irakiens, et il en est de même pour le meurtre collectif de Kadhafi. Ainsi que je l’ai écrit le lendemain de la fuite de Kadhafi de Tripoli et alors que les fidèles du parti Démocrate célébraient leur victoire en dansant : « Je suis sincèrement abasourdi de l’empressement à regarder ce qui a eu lieu en Libye comme une sorte de grand triomphe, même si virtuellement aucune information nécessaire à cette évaluation ne soit encore connue, y compris combien de civils sont morts, combien de flots de sang y seront encore versés, quels seront les moyens nécessaires pour stabiliser ce pays, et, par-dessus tout, quel  type de régime remplacera Kadhafi ? [...] Quand des pouvoirs étrangers utilisent la force militaire pour déposer un régime dictatorial qui a régné pendant des décennies, toutes sortes de chaos, de violence, d’instabilité et de souffrance – et une multitude de conséquences imprévisibles – sont inévitables. »

Mais la question la plus importante était de savoir quand (non pas si, mais quand) l’instabilité et l’extrémisme qui, de manière tout à fait prévisible, avaient suivi les bombardements de l’OTAN, seraient utilisés pour justifier une nouvelle guerre menée par les États-Unis – exactement comme cela s’est produit en Irak. En 2012, je posais la question de cette manière :

Combien de temps avant que l’on entende qu’une intervention militaire en Libye est (de nouveau) nécessaire, ce coup-ci pour reprendre la main sur les extrémistes anti-américains qui sont maintenant armés et renforcés par la première intervention ? Les interventions militaires américaines sont particulièrement utiles pour s’assurer que d’autres interventions américaines seront toujours nécessaires.

Nous avons maintenant la réponse, elle vient du New York Times :

 

Lire la suite sur Les Crises, traduction depuis The Intercept

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