06.02.2016 - Élevage industriel : la biodiversité animale sous contrôle des multinationales

Un taureau capable de produire plus d’un million de descendants, cinq races d’animaux qui dominent l’élevage mondial de vaches, cochons, poules, chèvres et moutons… Les industriels ont pris le contrôle de la sélection génétique des animaux de ferme. Dans ce secteur se joue une guerre industrielle similaire à celle que connaît le marché de la semence végétale. La recherche de rentabilité immédiate aboutit aujourd’hui à une érosion terrifiante de la biodiversité animale. Alors que les problèmes sanitaires se multiplient, des éleveurs, des associations et des chercheurs s’organisent pour préserver la diversité des animaux d’élevage et préserver des espèces qui ne soient pas standardisées.

Une race d’animal d’élevage sur cinq est menacée d’extinction. L’alerte a été lancée dès 2008 par la FAO, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture [1]. Sur les 6 300 races d’animaux domestiques, 1 350 sont menacées d’extinction ou ont déjà disparu. Leur remplacement se fait au profit d’un nombre restreint de races d’élevage sélectionnées, la plupart du temps, pour leur productivité. Une douzaine d’espèces animales fourniraient à elles seules 90 % des protéines d’origine animales consommées dans le monde [2]. En creux se profile une course au contrôle de la génétique animale par une poignée d’acteurs économiques, sur fond d’agriculture industrielle.

Les critères de cette sélection génétique ? Grandir et grossir vite, produire beaucoup de lait, de viande ou d’œufs. « Les entreprises d’élevage se sont concentrées sur la maximisation de la production et les aspects commerciaux utiles, comme la croissance rapide, l’efficacité de la conversion alimentaire et des rendements élevés, souligne l’Atlas de la viande publié en 2014 par la fondation Heinrich-Böll-Stiftung Berlin, les Amis de la Terre Europe et Arc 2020. Il en résulte des races génétiquement uniformes à haut rendement qui, pour survivre, nécessitent des aliments riches en protéines, des produits pharmaceutiques coûteux et des bâtiments à température contrôlée. » Bien loin du profil des races d’animaux autochtones, présentes depuis des siècles en Afrique, en Asie, en Amérique latine ou en Europe et plus aptes à résister aux conditions et à la géographie locales.

 

Cinq races dominantes, une poignée de sélectionneurs

L’élevage mondial se trouve aujourd’hui dominé par cinq races, toutes venues d’Europe et d’Amérique du Nord [3]. La vache laitière Prim’Holstein d’abord : d’origine néerlando-germano-américaine, elle est présente dans 128 pays et fournit les deux tiers de la production de lait dans le monde. « Ce sont des vaches qui ont été soigneusement sélectionnées d’après quelques critères très clairs : maximiser la quantité de lait qu’elles produisent et sa teneur en matières grasses, et faire en sorte que l’assimilation de leur alimentation soit le plus efficace possible », explique Susanne Gura, spécialiste de la biodiversité agricole [4]. Le porc Large White ensuite : présent dans 117 pays et d’origine anglaise, il pèse un tiers de l’approvisionnement mondial en porcs dans le monde. Dans ce top cinq figurent également les chèvres suisses Saanen (81 pays), les moutons espagnols Mérinos (60 pays) et les poules pondeuses Leghorn blanche, d’origine italienne, élevées partout dans le monde.

 

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