02.02.2016 - La démocratie d'abord, l'indépendance ensuite !

Dans son article-éditorial du 29 janvier, intitulé Détacher Montréal du Québec, Pierre Dubuc dénonce un « power trip » de la part du maire Coderre et reprend, sans grande originalité d'ailleurs, le refrain traditionnel des indépendantistes qui s'opposent à la décentralisation du pouvoir par peur de nuire à l'indépendance du Québec. L'indépendance d'abord, la démocratie ensuite : un mythe qui est en partie responsable de 50 ans de centralisation excessive des pouvoirs de l'État québécois et de la désintégration dramatique des communautés locales et régionales, et donc de la démocratie, qui en est la conséquence.

Les propositions du maire Coderre sur les pouvoirs qu'il veut récupérer de Québec et des arrondissements sont sûrement sujettes à discussion. Il faut en débattre au mérite. Elles ne sont pas sans fondement cependant, et rejoignent même dans l'ensemble les revendications de ceux qui préconisent depuis longtemps une véritable démocratie territoriale et une décentralisation des pouvoirs et des ressources vers les collectivités territoriales.

Tout le monde convient que le partage des pouvoirs entre la ville centrale et les arrondissements a été improvisé sur un coin de table pour tenter de sauver in extremis la ville fusionnée - en vain - et s'est avéré dysfonctionnel à plusieurs égards; mais une décentralisation démocratique de la ville demeure un objectif important que les centralisateurs ont tendance à négliger. À bien des égards, le quartier est un village et les citoyens doivent pouvoir s'y identifier et s'y impliquer. Il faut juste trouver les bonnes façons de le faire. Québec est peut-être une meilleure réussite à cet égard.

Quant à la récupération de pouvoirs centralisés à Québec, s'il faut bien sûr se méfier de l'agenda caché du maire Coderre, fédéraliste et libéral impénitent, on ne peut qu'être d'accord sur la nécessité de redéfinir le statut politique des gouvernements locaux et territoriaux.

Dans la culture politique monarchique britannique, les municipalités et les villes ne sont effectivement que des créatures du gouvernement central, qui ne se gêne pas d'ailleurs pour tout contrôler et tour régenter, au grand dam du respect le plus élémentaire du principe de subsidiarité qui doit guider toute démocratie.

La mondialisation a augmenté encore cette concentration du pouvoir. Or, la souveraineté du peuple doit monter du bas vers le haut, et les pouvoirs résiduels sont au bas et non au haut de la pyramide. Le rôle de l'État n'est pas d'imposer et de contrôler : il doit d'abord rassembler, coordonner et orienter.

Le reconnaître n'est pas livrer le Québec à l'anarchie et à la partition, mais favoriser la plus élémentaire démocratie et efficacité.

 

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