22.01.2016 - Nos gouvernants gouvernés par de puissants intérêts économiques

Le 22 octobre dernier, dans une entrevue accordée à Paul Arcand sur les ondes de 98,5 FM, le ministre de l’Agriculture du Québec, Pierre Paradis, avoue l’impuissance de son gouvernement face à la surutilisation des pesticides dans nos champs. Interloqué, l’intervieweur s’enquiert de la raison de cette impuissance. Le ministre lui fait alors cette confession stupéfiante : «Les géants de l’industrie des pesticides sont plus puissants que le gouvernement du Québec». Le journaliste lui demande de préciser : qui sont ces géants capables de mettre à genoux le gouvernement? Et le ministre de répondre candidement: «Monsanto et les autres de ce genre».

«Les autres de ce genre», c’est l’oligopole de l’industrie agrochimique qui produit à la fois des pesticides et des semences : Monsanto, Syngenta, DuPont, BASF, Bayer et Dow Chemical. Cet oligopole, déjà trop puissant, ambitionne toujours plus de concentration et de pouvoir : DuPont et Bayer annonçait en décembre dernier leur projet de fusion. En 2015, Monsanto échoue dans sa tentative de cannibaliser Syngenta, mais ce n’est que partie remise.

Or, un tel pouvoir économique, démesuré, s’impose tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, sur le pouvoir politique et le rend impuissant face aux grands enjeux de société. Une impuissance volontaire, comme nous allons le voir, car nos gouvernants ont signé leur abdication en faveur de puissants intérêts économiques, qui les tiennent désormais en laisse.

 

Un flot incontrôlé de pesticides qui déferle dans nos champs et jusque dans nos assiettes

L’entrevue susmentionnée est survenue à la suite d’un reportage choc de Radio-Canada révélant que l’utilisation des pesticides nuisibles à la santé des abeilles, des agriculteurs et de nous tous, ne cesse d’augmenter au Québec. Depuis 2006, la quantité de pesticides vendue aux agriculteurs a augmenté de 27%. C’est le cas en particulier des néonicotinoïdes - communément appelés néonics -, responsables de l’effondrement des colonies d’abeilles. C’est aussi le cas de l’herbicide totalitaire Roundup Ready propagé par Monsanto «et les autres de ce genre».

Aujourd’hui, presque toutes les semences de maïs et la moitié des semences de soya sont traitées aux néonics. Ces semences arrivent aux agriculteurs déjà enrobées de pesticides. Difficiles pour ceux-ci de se procurer des graines non enrobées de poison.

Super efficaces, les néonics attaquent le système nerveux des insectes nuisibles, mais aussi des insectes utiles, voire indispensables à l’agriculture : les abeilles, les bourdons et autres pollinisateurs ailés. Ils affectent également les vers de terre, ces grands laboureurs du sous-sol, et déciment les oiseaux grands consommateurs d’insectes et de vers. Poursuivant leurs effets délétères, ces poisons s’infiltrent dans les sols et dans les cours d’eau.

Les herbicides à base de glyphosate, comme le Roundup Ready, sont des désherbants totalitaires : ils pénètrent toute la plante, des racines à la tige et aux feuilles, et tuent tout ce qui pousse, sauf les cultures génétiquement modifiées - OGM - de Monsanto. Le glyphosate est classé «cancérigène probable», depuis 2015, par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé.

 

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