09.01.2016 - Pourquoi le Japon refuse-t-il toute immigration ?

C’était en juillet 2003. S’appuyant sur une étude des Nations unies, le New York Times publiait un éditorial dans lequel on pouvait lire : « Le Japon a besoin de 17 millions d’immigrés d’ici 2050. Afin de restaurer son équilibre démographique, les Japonais devront surmonter leur aversion naturelle pour les étrangers et accepter de devenir un État multiculturel tout comme les États-Unis ».

Douze ans plus tard, combien le Japon a-t-il accueilli de réfugiés syriens ? Onze, tous japanophones. Plus généralement, l’an dernier, la population du Japon s’est réduite de 350.000 unités et le solde migratoire net a été nul, comme l’année précédente et comme toutes les autres depuis aussi longtemps que des statistiques existent. En quelques chiffres, vous avez là ce qui constitue une des caractéristiques les plus controversées de la société japonaise : le refus de toute immigration, en dépit de la pression internationale, en dépit du vieillissement de sa population, même à titre humanitaire.

 

Pourquoi le Japon refuse-t-il toute immigration ?

Les Japonais ne détestent pas les étrangers, bien au contraire. Ils adorent voyager et, réciproquement, il n’est pas un pays où un touriste ne se sente autant en sécurité qu’au Japon. Rappelons aussi que [par tête d’habitant] le Japon contribue davantage que les États-Unis, l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni au budget de l’ONU. Mais les Japonais sont par-dessus tout attachés à leurs traditions et à un mode de vie qui a hissé l’exigence de courtoisie dans les rapports humains à un niveau inégalé. En aucun cas ils ne veulent prendre le risque de bouleverser un ordre des choses enraciné dans leur histoire et qui leur convient parfaitement.
 
Immunisés contre le politiquement correct, pourquoi les Japonais ne ressentent-ils pas, au regard des atrocités commises lors de la Seconde Guerre mondiale, un sentiment de culpabilité comparable à celui du peuple allemand ?

Il serait faux de dire que le Japon n’a jamais présenté d’excuses aux Chinois et aux Coréens (ses principales victimes) et il serait faux de dire que les manuels d’histoire au Japon ignorent les exactions de l’armée japonaise. Ce qui distingue le cas de l’Allemagne de celui du Japon, outre le fait que les crimes commis par les nazis étaient d’une tout autre dimension, tient peut-être aussi à ce que ni les Chinois ni les Coréens – peuples au moins aussi fiers que le peuple japonais – n’estiment digne d’imposer aux Japonais le joug d’une repentance transgénérationnelle qu’eux-mêmes jugeraient insupportable. Et quand bien même ils le voudraient, ils n’en auraient pas les moyens de propagande.
 
Reste l’aspect économique qui peut sembler déroutant à des Européens assommés à longueur de journaux télévisés par le mythe de la croissance. Lorsqu’on interroge les Japonais sur le déclin de leur démographie, ils vous répondent : « Et puis quoi ! Nous sommes encore trois fois plus peuplés que la Californie. » Le fait est que le Japon a fait un choix fondamental, un choix de type malthusien et un choix parfaitement sensé à long terme du point de vue écologique, un choix que Fukushima n’a fait que conforter : laisser diminuer la population et mettre l’accent sur les industries fortement automatisées et sur la fabrication des robots.
 
Malgré une croissance du PIB quasi nulle, au Japon le chômage n’existe pas, ce qui sans doute explique aussi pourquoi le nombre annuel de crimes et délits par habitant y atteint à peine le cinquième de ce qu’il est en France.

 

Source : Boulevard Voltaire

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