05.01.2016 - Les «écoles passerelles» n’ont pas la cote

Elles avaient déchaîné les passions et poussé des milliers de personnes à manifester dans les rues de Montréal. Leur encadrement par le gouvernement Charest constituait une « erreur historique », « monumentale », sur le point de « déclencher une véritable tempête dans le climat social québécois », prévenait le Parti québécois. Pourtant, cinq ans après l’adoption de la loi encadrant l’accès aux écoles passerelles, celles-ci n’ont jamais été aussi impopulaires, a appris Le Devoir.

De 1997 à 2002, quelque 4000 familles québécoises ont « acheté » leur accès à l’école anglophone, profitant d’une faille dans la loi 101 pour contourner l’interdiction pour les francophones et allophones d’envoyer leurs enfants dans les écoles anglophones. En fréquentant pendant un temps un établissement anglophone privé ne recevant aucune subvention de l’État — une école passerelle —, ils obtenaient le droit à l’instruction publique (ou privée subventionnée) dans la langue de la minorité.

Ce stratagème a été complètement interdit par la loi 104, en 2002. Mais la Cour suprême, appelée à se prononcer sur la question à la demande de parents allophones, avait finalement forcé Québec à permettre cette pratique en 2010, en l’encadrant de stricts critères. Le débat sur le projet de loi 115 avait donné lieu à des échanges d’une rare acrimonie à l’Assemblée nationale. « Le 18 octobre restera gravé dans nos mémoires comme une journée de deuil », avait alors déclaré le porte-parole du Parti québécois en matière de langue, Pierre Curzi. « C’est l’un des coups les plus lâches jamais portés à la langue française. »

Pourtant, depuis le 18 octobre 2010, la légalisation de l’école passerelle n’a pas mené au cataclysme annoncé. La ruée vers l’école anglophone, tant crainte, ne s’est pas avérée. À vrai dire, les écoles passerelles semblent avoir perdu la cote, tout comme les écoles anglophones publiques et privées subventionnées, révèlent des données obtenues par Le Devoir.

De l’entrée en vigueur de la loi, en 2010, à la fin décembre 2015, le gouvernement du Québec a traité 519 demandes d’admissibilité à l’enseignement en anglais. Du lot, 429 demandes ont été acceptées, 86 refusées, et 4 dossiers demeuraient à l’étude auprès des fonctionnaires du ministère de l’Éducation.

Le nombre de demandes présentées chaque année a chuté de moitié entre 2010-2011 et cette année, passant de 141 en 2010 à 62 aujourd’hui. Seuls 55 ont finalement obtenu le feu vert cette année.

 

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