25.12.2015 - Le très généreux père Noël des eurocrates

Au moment où la plupart des pays se serrent la ceinture, de substantiels bonus viennent d'être attribués aux fonctionnaires européens.

Les 55 000 fonctionnaires travaillant pour l'Union européenne vont pouvoir ajouter quelques cadeaux au pied de leur sapin. Grâce à la générosité de Jean-Claude Juncker, le nouveau président de la Commission, tous se sont vu attribuer une augmentation de salaire de 2,4 %, largement au-dessus de l'inflation. Et cerise sur le gâteau, rétroactive sur les six derniers mois. De plus, au 1er janvier 2016, une nouvelle augmentation de salaire de 2,4 % viendra s'ajouter à la hausse obtenue en décembre. Cela représente un budget supplémentaire de plus de 100 millions d'euros pour les finances européennes. Donc pour les contributions des 28 pays membres.

On peut comprendre qu'après deux ans de gel de leurs salaires les eurocrates aient pu légitimement aspirer à voir leurs revenus progresser. Mais était-ce vraiment le moment de distribuer cette manne, alors que l'Union vient de connaître, et rencontre encore, une succession de crises, de la quasi-faillite de la Grèce au bouleversement provoqué par une marée, sans cesse renouvelée, de migrants dont le nombre a atteint un million en 2015 ? Au point que le sort de l'Union européenne, telle que nous la connaissons depuis quelques dizaines d'années, peut être remis en cause.

À la fois par la dénonciation du système de libre circulation de Schengen et par la menace de plus en plus présente d'un « Brexit », une sortie de la Grande-Bretagne des institutions européennes. Pour la première fois d'ailleurs un sondage réalisé en novembre par l'ORB pour The Independent indique que 52 % des Britanniques sont favorables à une sortie de l'Europe alors que 48 % y sont opposés. Et les sondeurs indiquent que la motivation de ceux qui ont changé d'avis repose principalement sur l'aggravation de la crise des migrants.

 

10 000 fonctionnaires gagnent plus que David Cameron !

La presse britannique n'a d'ailleurs pas manqué de souligner que 10 000 fonctionnaires européens gagnaient plus d'argent que le Premier ministre David Cameron. Et qu'au moment où, dans tous les pays membres, on cherche à réduire le nombre des fonctionnaires, la bureaucratie européenne avait augmenté ses effectifs de 60 % en dix ans. Rien que cette année, le nombre de juges européens, rétribués 18 600 euros par mois, a pratiquement doublé.

Certes, contrairement à une légende tenace, les fonctionnaires européens paient des charges sociales et des impôts. Mais le système est relativement favorable puisque l'impôt est calculé sur 90 % du salaire de base. Il ne tient donc pas compte notamment des 16 % de prime versés à tous les fonctionnaires européens au titre de l'éloignement de leur pays.

Conscients que ces avantages peuvent nourrir une europhobie qui finirait par mettre en péril le vivre-ensemble européen, certains responsables à Bruxelles ont compris qu'il était temps de briser l'opacité entretenue depuis toujours sur le travail, les décisions, les projets et les dépenses de l'Union. C'est le cas de la nouvelle commissaire au Budget et aux Ressources humaines, Kristalina Georgieva. À 52 ans, cette femme énergique, née en Bulgarie du temps du stalinisme, a l'ambition de rendre enfin transparente la politique financière des institutions européennes, à l'image de ce qu'elle a fait avec, semble-t-il, d'excellents résultats à la Banque mondiale où elle a passé 25 ans.

Il est sans doute grand temps. Mais on lui souhaite bon courage.

 

Source : Le Point

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