17.12.2015 - Le plus gros mensonge de l'école québécoise

Il ne faudra pas compter sur les présentes négociations dans le secteur public en éducation pour corriger le principal mensonge du réseau scolaire au Québec : tous apprendre à la même vitesse dans une classe, c'est bien mieux !

Je ne dis pas qu'on fait exprès. Je ne dis pas non-plus qu'on ment sciemment aux élèves et à leurs parents.

Mais je crois tout de même qu'on passe sous silence un des principaux enjeux de la transformation de l'école québécoise après ces quinze premières années du XXIe siècle déjà franchies.

Encore aujourd'hui, on offre aux élèves qu'une seule vitesse pour apprendre dans une même classe... et les conséquences pour ceux et celles qui auraient besoin d'aller à une autre sont souvent désastreuses.

Un seul plan de match pour dix-huit bambins à la maternelle. Une seule planification d'activités d'apprentissage pour 26-28 enfants au primaire et encore trop souvent au secondaire, une même feuille de route pour la trentaine d'adolescents-es en classe.

L'exception, c'est de prévoir plusieurs chemins possibles au jour le jour. La règle dans les classes d'aujourd'hui, c'est de devoir s'astreindre à suivre la vitesse du déroulement du cours prévue par l'enseignant-e, pour le meilleur parfois, mais souvent pour le pire.

Pas étonnant dans ces circonstances qu'autant d'élèves décrochent ou que les problèmes de discipline et d'encadrement pullulent. Surtout, pas surprenant que tant d'élèves s'ennuient dans les classes des écoles du Québec.

« Apprendre sans plaisir rend sec, prendre du plaisir sans rien apprendre rend stupide. » - Richard David Precht
 

Bien sûr, il existe des classes où des enseignants procèdent autrement et trouvent le moyen de composer avec des rythmes d'apprentissage différents.

Mais je fais l'hypothèse que l'école des travailleurs de l'éducation n'est pas faite pour eux.

Je crois fermement que le système actuel n'encourage pas le recours à la différenciation pédagogique.

Je lisais ce matin cet entretien avec Richard David Precht, un philosophe allemand qui porte un jugement sévère envers l'école que fréquentent nos enfants. Je partage son avis sur bien des points, entre autres celui sur le fait que « l'enfant est naturellement d’une curiosité inouïe »...

« Or, que lui proposons-nous pour épanouir cette potentialité formidable ? De se forcer à s’intéresser à des matières éloignées de sa vie, qui le motivent de moins en moins et qu’il voit infiniment mieux traitées ailleurs. A partir de 12 ans, cela devient dramatique. La transmission est censée se dérouler lors de séances appelées « cours » qui durent un peu moins d’une heure (durée décidée par les moines du Moyen Age) et auxquelles il doit assister sans bouger. Double absurdité : on sait aujourd’hui que la capacité d’attention d’un enfant (et de beaucoup d’adultes) chute au bout de 20 à 30 minutes; d’autre part, l’immobilité physique du jeune humain est nocive à son fonctionnement cortical si elle dépasse un quart d’heure. Bouger est pour lui vital, la ­psycho-neuro-immuno-endocrinologie l’explique bien. »


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