16.09.2014 - La vérité sur l’élevage industriel : extraits du livre « Eating Animals » de Jonathan Safran Foer

Voici plusieurs extraits du livre "Eating Animals" de Jonathan Safran Foer, un écrivain qui a décidé de mener l'enquête dans les élevages industriels (qui représentent 99% des élevages aux Etats-Unis et 80% en France).

On a tendance à penser qu'il n'y a que pour la viande halal que l'étourdissement n'est pas pratiqué, ce qui est totalement faux. L'étourdissement est souvent très mal fait pour ne pas risquer de tuer l'animal avant de le saigner (si le coeur ne fonctionne plus, le sang coule moins vite), ce qui ralentirait la cadence de l'abattoir et de ce fait, les profits.

On a aussi tendance à penser que les normes sanitaires sont correctes dans le secteur de l'agroalimentaire, que les inspections sont fiables et régulières, et que les horreurs que l'on peut parfois lire sont loin d'être la règle. C'est aussi totalement faux. La règle dans les élevages intensifs est celle du rendement rapide, peu importe le bien-être des animaux ou la santé des consommateurs, il faut que ça rapporte, et vite.

L'abattoir conventionnel. (p. 303 à 308).

"Dans un abattoir classique, les bêtes descendent par un toboggan jusqu'au box d'étourdissement - en général, un grand habitacle cylindrique d'où ne sort que la tête. Le responsable de l'opération, le knocker, appuie un grand pistolet pneumatique entre les yeux du bovin. Une tige en acier s'enfonce dans le crâne de l'animal, ce qui le plonge dans l'inconscience, voire le tue, puis se rétracte dans le canon. Parfois, la tige ne fait qu'étourdir la bête qui, dans ce cas, reste consciente, ou se réveille plus tard en plein "traitement". L'efficacité du pistolet dépend de la qualité de sa fabrication et de son entretien, mais aussi du savoir-faire de l'opérateur - il suffit qu'il y ait une fuite dans le système pneumatique, ou que l'opérateur tire avant qu'une pression suffisante ait été accumulée, pour que la tige jaillisse avec une puissance atténuée, ce qui infligera des blessures atroces à des animaux toujours douloureusement conscients.

 
 

L'efficacité de l'étourdissement est également réduite parce que certains directeurs d'abattoir pensent que les animaux risquent d'être "trop morts" et que par conséquent, leur coeur ne fonctionnant plus, ils risquent de saigner trop lentement, ou insuffisamment. (Pour les abattoirs industriels, il est "important" que la saignée ne dure pas trop pour des questions de rendement et parce que le sang subsistant dans la viande favorise le développement de bactéries, ce qui réduit la durée de vie du produit. Aussi certains abattoirs choisissent délibérément des méthodes d'étourdissement moins efficaces. Ce qui a pour effet secondaire qu'un fort pourcentage d'animaux doit subir plusieurs chocs, que d'autres restent conscients, ou se réveillent pendant le traitement.

Parlons clairement : les animaux sont saignés, écorchés et démembrés alors qu'ils sont encore conscients. Cela arrive tout le temps, et l'industrie comme les autorités le savent. Plusieurs abattoirs accusés de saigner, écorcher ou démembrer des animaux vivants ont défendu leurs actes en affirmant que ces pratiques étaient courantes. (...)

A l'autre bout de la chaîne qui les entraîne vers l'aire d'abattage, les animaux, apparemment, n'ont aucune idée de ce qui les attend, mais s'ils survivent au premier choc, manifestement, ils comprennent très bien qu'ils sont en train de se battre pour leur survie. Comme le raconte un ouvrier : "Ils lèvent la tête, ils regardent partout, cherchent à se cacher. Ils ont déjà été touchés par ce truc, et ils n'ont pas l'intention de le laisser recommencer."

Entre la vitesse de la chaîne, qui a augmenté de près de 800% en un siècle, et un personnel mal formé qui travaille dans des conditions cauchemardesques, les erreurs sont inévitables. (Les ouvriers des abattoirs connaissent le plus fort taux de blessures de tous les secteurs professionnels - 27% par an - et touchent de bas salaires pour tuer jusqu'à 2050 animaux par vacation.)

Temple Grandin (docteur en sciences animales) affirme que ces gens ordinaires peuvent se transformer en sadiques à cause du caractère déshumanisant du travail en abattoir. C'est un problème persistant, souligne-t-elle, contre lequel les patrons de ces structures doivent se prémunir. Parfois, les animaux ne sont pas étourdis du tout. Dans un abattoir, des employés (et non des défenseurs des droits des animaux) ont tourné clandestinement une vidéo qu'ils ont transmise au Washington Post. On y voit des animaux conscients défiler le long de la chaîne de traitement. A un moment, un aiguillon électrique est enfoncé dans la bouche d'un bouvillon. D'après le Post, "plus de vingt ouvriers ont signé des déclarations sous serment affirmant que les violations dénoncées dans le film sont très fréquentes et que les responsables sont au courant". Dans une de ces déclarations, un employé explique : "J'ai vu des milliers et des milliers de vaches subir vivantes le processus d'abattage. Elles peuvent se trouver depuis sept minutes dans la chaîne et être encore en vie. J'ai travaillé à l'écorchage, et j'en ai vu qui étaient encore vivantes. A cette étape du processus, on leur arrache toute la peau à partir du cou." Et quand la direction daigne écouter les salariés qui se plaignent, c'est souvent pour les licencier ensuite. (...) Vous savez, je suis un ancien marine. Moi, le sang et les tripes, ça ne me dérange pas. Mais le traitement inhumain, il y en a tout simplement trop."

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