08.12.2015 - Une entente secrète entre des groupes environnementaux et des compagnies pétrolières marque la fin d’une époque

“Pour les écologistes traditionnels, c’était un peu comme découvrir que Amnesty International avait ouvert sa propre aile dans la prison de Guantanamo”. Voilà comment Naomi Klein décrit la décision de Nature Conservancy de permettre des forages pétroliers sur des terres que l’organisme protège en fonction de l’habitat d’un oiseau menacé, en 1999.

Comme les choses ont changé!

Depuis lors, les prisons estampillées Amnesty International — ou tout au moins leurs équivalents environnementaux — sont devenus de rigueur parmi les ONG bien financées. Cette tendance a atteint une sorte de point de basculement la semaine dernière, lorsque le Financial Post a révélé que quatre groupes environnementaux canadiens éminents ont tenu des négociations secrètes avec des compagnies pétrolières pendant des mois, et qu’ils auraient accepté, selon le rapport, de cesser leurs campagnes contre certains projets de pipelines de sables bitumineux en échange des mesures climatiques tièdes proposées fin novembre par le gouvernement néo-démocrate de l’Alberta. Le problème: les mesures du NPD permettent une augmentation de 40% dans l’extraction des sables bitumineux, et bafouent le consensus scientifique à propos des mesures nécessaires pour éviter un désastre climatique.

Depuis 1999, le Canada a vu deux grands accords entre des corporations et les groupes écologistes.

L’Accord de Great Bear Rainforest (GBR) avait commencé comme une énorme bataille entre les écologistes et les Premières nations d’un côté, et les entreprises d’exploitation forestière sur l’autre. L’accord lui-même est arrivé quand les bailleurs de fonds ont coupé les vivres aux principaux groupes environnementaux, qui se sont alors joint aux négociations secrètes avec les compagnies forestières. Le résultat fut une capitulation monumentale aux compagnies forestières présentée au public comme une victoire. Le fait que ces grands groupes verts ont changé de camp a réduit les chances, déjà improbables, de voir une résistance efficace à l’exploitation forestière continuer, à nulles. Car affronter Weyerhaeuser est une chose; affronter Weyerhaeuser et Greenpeace, le Sierra Club et ForestEthics est tout autre.

En 2009, Macdonald Stainsby et moi-même avons écrit un rapport sur l’affaire GBR, intitulé « Offsetting Resistance« , dans lequel nous avions émis un avertissement: “le plan émergeant de campagne contre les sables bitumineux suit dans les traces de l’accord du « Great Bear Rainforest », en incluant plusieurs des mêmes joueurs et tactiques”.

Peut-être à leur crédit, les écologistes n’ont pas passé beaucoup de temps à s’entre-déchirer publiquement au sujet de l’accord GBR.

Mais en 2010, de grandes divergences politiques et stratégiques ont été mises en évidence, lorsqu’un certain nombre de groupes canadiens a signé (l’Entente sur la forêt boréale canadienne), qui a notamment exclu les Premières nations. Cette fois-ci, la nouvelle a suscité bien plus de réactions.

La journaliste Dawn Paley a amené ces voix à l’avant plan, dans une série de rapports percutants.

« Je pense que la CBFA a causé une grande fracture, non seulement dans le secteur des ONGE, mais aussi chez les Premières Nations », dit à l’époque Clayton Thomas-Muller, qui militait alors contre les sables bitumineux avec le Indigenous Environmental Network.

 

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