06.12.2015 - Le grand coup de Poutine, l’alliance Kurdes-Assad, pourrait porter un coup mortel à l’EI

Le maître du Kremlin est-il en train de prendre les Kurdes aux Américains et de commencer à sceller la frontière syrienne contre les Turcs ? Ca en prend visiblement le chemin...

Qu'on l'aime ou pas, il est difficile de ne pas reconnaître en lui un génie stratégique de la veine d'un Richelieu ou d'un Sun Tzu. Selon les préceptes du judo qu'il affectionne tant, Vladimir "abracadabra" Poutine retourne toujours tout à son avantage, ce qui doit finir par être désespérant pour ses adversaires.

La réaction russe au "coup de poignard dans le dos" de la part de Ben Erdogan a déjà étonné par sa rapidité et son ampleur. Ce n'est d'ailleurs pas fini car l'on apprend maintenant que la coopération scientifique entre les deux pays est arrêtée et que plus de 1 000 camions turcs sont bloqués à la frontière. De plus, le Turk Stream risque bien d'être gelé par la partie russe, si l'on en croit des sources au sein de Gazprom. Mais il est évident que Moscou allait également tenter de retourner la situation à son avantage sur le plan stratégique. Des informations émergent et elles ne sont pas tristes...

La Russie aurait commencé à s'entendre avec les YPG kurdes de Syrie afin de couper le passage entre l'Etat Islamique et la Turquie, ce qui changerait considérablement la donne stratégique. Nous avions déjà plusieurs fois évoqué ce qui n'était alors qu'une possibilité ; grâce à l'incident du Sukhoi, celle-ci se mue peu à peu en certitude, au grand dam du sultan qui risque de regretter longtemps, très longtemps son coup de folie.

Quelques explications sont nécessaires pour mesurer l'importance de la chose. Et d'abord une carte :

Après les échecs de Daech face aux Kurdes à Hassaké et à Kobané, la voie de communication avec le parrain turc est réduite à une porte d'environ 80 km, commençant un peu à l'est d'Aazaz et allant jusqu'à Jarabulus sur l'Euphrate (les deux points rouges sur la carte). On le voit, les YPG kurdes, bête noire d'Ankara qui les considère comme "terroristes", sont situées de part et d'autre et ne rêvent que de réunir leurs territoires (appelons-les pour l'instant "Kurdes ouest" et "Kurdes est").

Le sultan avait décidé d'une ligne rouge à ne pas franchir pour les Kurdes syriens : l'Euphrate, au-delà duquel les avions turcs n'hésiteraient pas à les bombarder, ce qui est arrivé plusieurs fois. Le piquant de l'affaire est que ces mêmes YPG sont censés être les alliés des Etats-Unis, eux-mêmes alliés de la Turquie. Bref, un maelström sur lequel Poutine joue comme dans du velours, nous y reviendrons.

Lorsqu'à l'été il fut question d'une opération kurde pour prendre Jarabulus et perturber le ravitaillement de Daech, Ankara menaça d'intervenir militairement. Finalement, un accord fut trouvé entre Américains et Turcs. Les premiers assuraient aux seconds l'annulation de l'opération contre l'utilisation par les jets US de la base d'Incirlik. On en était là quand le Sukhoi a été abattu...

 

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