Elle est revenue de l’école avec sa petite tête blonde penchée sur le côté, la moue boudeuse: «Papa, je me suis encore fait chicaner parce que t’avais mis un truc interdit dans mes collations.»
Oui, je sais qu’un jour tout cela va se retourner contre moi, mais je n’y peux rien : j’enseigne à ma fille à contester les règles quand celles-ci sont absurdes. Et à les enfreindre en cas de force majeure.
Comme lorsque j’ai oublié d’acheter quelque chose à mettre dans son sac-repas qui se conforme à la grille hyper-restrictive des aliments tolérés par l’école en même temps qu’à ses goûts plutôt pointus.
Puisqu’au final, ce qui compte, c’est qu’elle se nourrisse, je lui refile un truc interdit, qui n’entre pas dans la très fasciste catégorie « fruits, légumes ou produits laitiers qui se consomment sans ustensile ». Comme un bagel. Et je lui dis de se cacher pour le manger.
Je sais, je devrais avoir honte.
Au printemps dernier, une mère du Colorado a commis l’impensable : dans le sac-repas de sa fille, quelques biscuits Oreo accompagnaient un sandwich et du fromage. Le professeur de l’enfant a confisqué les biscuits et écrit une lettre à la mère, lui enjoignant de se conformer aux politiques « santé » de l’école, appuyant juste assez pour bien lui faire sentir qu’elle avait failli à sa tâche. Les anglos appellent ça du lunch shaming. C’est le genre d’humiliation que distillent les bien-pensants qui jugent un obèse qui mangerait autre chose que de la salade, ou une mère qui commettrait l’outrage de laisser son enfant jouer au parc sans surveillance.
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